Une pénurie de main d’œuvre touche actuellement de plein fouet les secteurs d’avenir. Les entreprises, et notamment les PME qui disposent de moins d’outils de recrutement pour faire face à cette pénurie, peuvent recourir à trois stratégies payantes : formation en interne, déploiement d’une politique RSE et mise en place de l’actionnariat-salarié. Une autre solution consiste à démarcher directement les jeunes diplômés récalcitrants dont l’engagement militant obligera nécessairement l’entreprise à changer de l’intérieur en matière de RSE.
En premier lieu, la formation en interne est une bonne solution, permettant à l’entreprise de développer elle-même sa propre main d’œuvre qualifiée. « Certains secteurs se développent trop vite pour que des formations correspondantes émergent à temps. La France accuse par exemple un profond retard dans la formation aux transitions numériques et énergétiques. Créer de la compétence pour des postes où les candidats qualifiés manquent procure un avantage concurrentiel considérable à l’entreprise, en particulier pour des postes industriels nécessitant des savoir-faire pointus et des formations longues » écrivent, dans un article de Cadre & Dirigeant Magazine publié le 16 août 2022, Mayeul Caron et Laurent Fichter, partners chez Andera Partners, une société de gestion spécialisée dans le Private Equity. En conséquence, former les employés dès leur arrivée permet de faciliter le recrutement tout en répondant directement aux besoins de l’entreprise. En outre, cela développe la fidélisation des futurs salariés puisqu’ils sont engagés dans une collaboration longue qui engendre attachement et motivation.
L’entreprise a également tout intérêt à mettre en place une véritable politique RSE qui permet à la fois de fidéliser les salariés déjà en poste et d’attirer les potentiels futurs candidats, dont les attentes en matière d’engagement sont désormais bien plus importantes. « En France, les salariés sont davantage attirés soit par les grands groupes – dont la marque peut faire sens – soit par l’aventure entrepreneuriale, plutôt que par des entreprises de taille intermédiaire. Les PME doivent donc redoubler d’effort pour attirer et convaincre les candidats de la manière la plus efficace en construisant une véritable marque employeur et une image cohérente, lisible et inspirante. » peut-on encore lire dans l’article qui met en exergue la quête de sens de plus en plus commune chez les candidats.
Enfin, le recours à l’actionnariat-salarié est une solution pour fidéliser les salariés les plus qualifiés, qui sont aussi les plus mobiles dans un secteur où la concurrence est forte. En effet, le salaire n’est plus le seul critère en jeu. L’actionnariat-salarié permet notamment au salarié de se constituer une épargne non négligeable. De plus, il lui donne un nouveau statut, et donc une nouvelle place au sein de l’entreprise, qui valorise ses compétences. Enfin, cette stratégie permet au salarié de se sentir pleinement intégré puisqu’il prend part à des décisions importantes. De son côté, l’entreprise est également gagnante car elle obtient l’attachement de ses profils qualifiés ainsi que leur responsabilisation.
Une quatrième solution est d’aller directement chercher les étudiants engagés. Ces étudiants sont notamment ceux que l’on a vus lors de leur remise de diplôme remettre en cause le monde de l’entreprise et dénoncer son implication majeure dans le dérèglement climatique. Ainsi que le précise la directrice Communication, Marque & Engagement d’Orange Béatrice Mandoline en relayant le 15 août 2022 sur son compte twitter un article de Novethic, ces agitateurs ne sont pas tous des déserteurs. Si les discours de ces jeunes ont pu être critiqués notamment parce que les entreprises ont justement des difficultés à recruter des profils qualifiés dans le secteur de la RSE, certaines ont décidé de venir à la rencontre de ces étudiants qui, par leur militantisme engagé, leur permettront de changer de l’intérieur.
« Des entreprises engagées appellent ces jeunes diplômés à les rejoindre. Une manière pour elles d’accélérer leur transformation en étant challengées au quotidien. » précise un autre article de Novethic sur le sujet également publié durant l’été. Ces jeunes diplômés s’avèrent donc être de véritables atouts pour leurs recruteurs car « dans les postes RSE, il faut des personnes qui incarnent la démarche » explique le cabinet de recrutement Birdeo au site d’information Novethic. L’article rapporte également les propos de la société Ecotone, qui possède notamment la marque Bjorg et est déjà engagée sur le sujet de la RSE. L’entreprise « comprend le désir fort de bifurcation » mais propose surtout aux jeunes de « faire bifurquer les entreprises elles-mêmes, et à changer le système de l’intérieur », plus efficace pour atteindre le monde durable qu’ils réclament.