Les critères ESG (environnement, social et gouvernance), équivalents au concept français de la RSE, ont récemment été critiqués par le PDG de Tesla, Elon Musk. Malgré l’impact environnemental de son activité, son entreprise a été pénalisée sur les marchés, selon des critères sociaux et de gouvernance. La pertinence des critères ESG est ainsi remise en cause car ces derniers sont désormais jugés incohérents. La réponse à cette problématique pourrait être la séparation des différents critères, et même la possibilité de ne se concentrer que sur un seul critère, celui des émissions de gaz à effet de serre. Une divulgation claire des entreprises responsables, combinée à une action forte des gouvernements, pourrait avoir un impact considérable sur le réchauffement climatique.
Au printemps 2022, l’indice boursier S & P Dow Jones a retiré l’entreprise Tesla de l’indice S & P 500 ESG, provoquant la colère de son PDG, Elon Musk. Les critères ESG sont les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, équivalents au concept français de la RSE. L’entreprise, qui conçoit et construit des voitures électriques et contribue ainsi au développement du transport durable, ne comprend pas son éviction. « L’exclusion de Tesla du S & P 500 ESG a été motivée par l’existence de plaintes pour discrimination raciale contre l’entreprise, son opposition à la création de syndicats dans ses usines et sa gestion d’une enquête gouvernementale après des accidents liés à ses véhicules à pilotage automatique. » peut-on lire dans un article de l’hebdomadaire Le Point publié le 26 juillet. Tesla est donc pénalisée pour des critères sociaux et de gouvernance, alors même que son impact environnemental est fort, poussant Elon Musk à, sur son compte Twitter, qualifier l’ESG de « vaste arnaque » et d’ « escroquerie ». Sachant que l’entreprise pétrolière et gazière ExxonMobil, considérée par le journaliste du Point comme étant l’un des plus grands pollueurs au monde, n’a pas été évincée de l’indice, la pertinence des critères ESG est désormais remise en question.
Dans un article du 21 juillet 2022, le journal The Economist explique que le terme ESG est né en 2004 avec pour objectif de permettre aux investisseurs d’évaluer les entreprises en fonction de leurs actions environnementales et sociales, mais également en matière de gouvernance, et plus seulement en fonction de leurs performances commerciales. De plus en plus d’investisseurs se refusent en effet d’investir dans des entreprises qui ne correspondent pas à leurs préoccupations écologiques et sociétales. « Avec des gouvernements souvent paralysés, de nombreuses personnes pensent que les entreprises doivent résoudre les problèmes de la société et servir toutes les parties prenantes, y compris les fournisseurs et les travailleurs, et pas seulement les actionnaires. » peut-on lire dans l’article.
Mais le concept souffre d’un problème majeur : les objectifs, trop nombreux, manquent de cohérence. Ainsi, si Tesla lutte contre le changement climatique grâce à ses voitures électriques, l’entreprise soulève des questions quant à son modèle de gouvernance. Il en est de même pour les entreprises de charbon qui en fermant font baisser les émissions de CO2 mais contribuent à la hausse du chômage. Les ambiguïtés des critères ESG sont réelles mais elles sont souvent évincées, entretenant l’illusion et dissimulant les véritables enjeux qui eux nécessiteraient un compromis de la part des investisseurs et des entreprises.
« Dire que le capitalisme doit être responsabilisé est un jeu dangereux, car c’est un aveu d’échec. Qui s’excuse s’accuse, en quelque sorte. Les entreprises mettent le doigt dans un engrenage sans fin, car elles ne céderont jamais assez. » explique dans un article du Monde daté de juillet 2021 le chef d’entreprise Jean-Charles Simon. Selon lui, c’est à l’État de légiférer s’il considère qu’une activité est jugée socialement néfaste ou écologiquement dangereuse.
Face au scepticisme des investisseurs qui ralentit l’afflux d’argent dans les fonds durables, l’article britannique propose donc de séparer les trois critères pour plus de transparence et de cohérence. Il propose surtout de ne se concentrer que sur l’aspect environnemental. « Et si Musk avait raison ? L’article pointe la largeur du spectre de la RSE dont l’importance apparaît dérisoire si la trajectoire carbone n’est pas crédible. Pas faux, il n’y aura pas de social viable sur une planète invivable » explique ainsi Fabrice Bonnifet, spécialiste de la RSE, sur son compte Twitter fin juillet 2022.
Le danger de loin le plus important étant celui des émissions carbone, The Economist propose de ne retenir que le problème des gaz à effet de serre. « Les investisseurs et les régulateurs font déjà pression pour rendre la divulgation par les entreprises de leurs émissions plus uniforme et universelle. Plus ils sont standardisés, plus il sera facile d’évaluer quelles entreprises sont les grands coupables de carbone et lesquelles font le plus pour réduire les émissions. Les gestionnaires de fonds et les banques devraient être mieux à même de suivre les empreintes carbone de leurs portefeuilles et de savoir si elles diminuent avec le temps. » peut-on ainsi lire dans l’article. Couplée à une intervention de l’État, une meilleure compréhension des entreprises polluantes guidera les investisseurs et permettra même à ces dernières d’adapter leurs modèles commerciaux, engendrant un impact bien plus significatif sur le réchauffement climatique.