La journée internationale des droits des femmes, qui a lieu chaque année le 8 mars, est l’occasion de souligner les disparités entre les hommes et les femmes dans les entreprises. Une récente enquête de l’Insee met en exergue la différence de salaires qui diminue faiblement et le difficile accès aux postes les plus élevés et les mieux rémunérés.
L’Insee a publié le jeudi 3 mars une étude intitulée « Femmes et hommes : une lente décrue des inégalités ». Sans surprise, on y apprend que les femmes ont des rémunérations moins importantes que celles des hommes alors que ces derniers sont moins diplômés que les femmes (46 % des hommes âgés de 25 à 34 ans ont un diplôme de l’enseignement supérieur contre 53 % des femmes). On y découvre également que le taux d’activité des femmes est en progression constante depuis presque 50 ans (en 2020, 75 % des hommes âgés de 15 à 64 ans étaient actifs contre 68 % des femmes). En 1975, seule la moitié des femmes en âge de travailler avait un emploi.
Par contre, la naissance d’un enfant continue à impacter la carrière professionnelle des femmes. L’étude révèle en effet que 81 % des mères ont un travail, contre 96 % des pères. De plus, on dénombre trois fois plus de temps partiel chez les femmes. Conséquence ? Ces dernières doivent travailler plus longtemps pour compenser une carrière souvent hachée. Et pourtant, la pension de réversion que les femmes touchent lors de leur retraite est 24 % moins élevée que celle des hommes.
Même si les écarts de salaire entre les hommes et les femmes se résorbent petit à petit, cette diminution s’effectue très lentement : seulement 5,1 points en 25 ans. De plus, l’écart reste important : le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 22,3 % à celui de leurs confrères masculins. « La tendance à la diminution s’est un peu accélérée « sur les années récentes », sans parvenir à combler le fossé qui sépare les deux moitiés de la population. » peut-on lire dans un article du journal Le Monde consacré à l’étude de l’Insee et écrit par Bertrand Bissuel. L’inégalité salariale peut s’expliquer par la différence d’accès à des postes mieux rémunérés. Par exemple, les femmes représentent environ 70 % des employés et sont très nombreuses dans les emplois qui rémunèrent peu comme les métiers de services et de soins à la personne.
Ce fossé s’explique également par le fait que les femmes travaillent plus souvent à temps partiel et réalisent moins d’heures supplémentaires. Comme indiqué plus haut, ce sont les obligations familiales majoritairement gérées par les femmes qui justifient ces inégalités. « Elles s’investissent davantage dans les tâches domestiques et l’éducation des enfants, « même si, entre le milieu des années 1980 et 2010 », les disparités de ce type se sont réduites grâce au changement de comportement des conjoints. » lit-on également dans l’article.
La maternité entraîne une baisse de salaire encore plus importante : cinq ans après la naissance de leur enfant, les salariées du privé ont en effet des revenus « inférieurs d’environ 25 % par rapport à ce qui se serait produit sans cette arrivée » analyse l’Insee dans son étude. De plus, la maternité engendre bien souvent un changement de carrière avec un passage au temps partiel ou bien une interruption temporaire d’activité après la fin du congé maternité. L’accès potentiel à des postes clés est donc largement freiné.
Mais les obligations familiales ne sont pas les seules causes de cette disparité au sommet de la hiérarchie. « Souvent les responsables RSE ou com’ sont des femmes c’est étonnant. Comme si elles ne pouvaient pas prétendre à monter encore à l’étape suivante. » s’indignait la journaliste et entrepreneure à impact Alice Vachet, le 8 mars, lors de la troisième édition du concours Women Energy in Transition. Et pour cause, seuls quatre postes de cadre sur dix sont occupés par des femmes. « Accéder aux 5 % des emplois les mieux rémunérés est deux fois moins probable (pour les femmes) » ajoute l’Insee. « Une illustration du plafond de verre auquel elles se heurtent pour accéder aux responsabilités les plus élevées dans une entreprise ou dans une administration » rétorque Bertrand Bissuel dans son article du Monde. L’Insee parle même de « ségrégation professionnelle ».