En cette rentrée 2023, Emmanuel Macron a présenté les objectifs du pays en matière de réduction de gaz à effet de serre tandis que les plus grandes entreprises de la planète ont signé une déclaration commune pour exhorter les gouvernements à intensifier leurs actions contre les énergies fossiles.
A la fin du mois de septembre 2023, Emmanuel Macron a présenté les objectifs du pays en matière de réduction de gaz à effet de serre. Dans le cadre de la planification écologique, le Président souhaite réduire de 55 % les émissions nettes de gaz à effet de serre en France d’ici 2030 par rapport à 1990, conformément à l’objectif européen. Or, il est impératif d’accélérer les efforts pour atteindre ces objectifs car cela implique de passer de 404 millions de tonnes de CO2 et équivalents, comme le méthane, émises en 2022 à 270 millions de tonnes en 2030.
Cette réduction significative nécessite des changements profonds dans divers secteurs, ainsi que l’explique un article du journal Le Figaro consacré au sujet et publié fin septembre 2023 : « Et si l’on a fait « la moitié du chemin », comme l’assure Emmanuel Macron, le point de départ, c’est 1990 ! Il faut donc « réussir à faire davantage en sept ans que ce que nous avons fait ces trente-trois dernières années » résume-t-on à Matignon. »
Bien que la baisse des émissions se soit accélérée ces dernières années, des facteurs comme la pandémie de Covid-19, qui a diminué les transports et l’activité industrielle en 2020, ainsi que des événements tels que l’invasion de l’Ukraine et un hiver doux en 2022, ont contribué à ces réductions. Elles ne sont donc pas que structurelles. Ce rythme de baisse est jugé insuffisant pour atteindre les objectifs de 2030 selon le Haut Conseil pour le climat et, pourtant, « il faut pouvoir compter sur des dynamiques durables, qui se répètent d’année en année grâce à des facteurs de fonds », estime Colas Robert, expert au Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), dont les propos sont rapportés dans l’article du Figaro.
Le gouvernement français prévoit donc de mettre en place une cinquantaine de mesures concernant tous les secteurs émetteurs, tels que le bâtiment, l’industrie et l’agriculture, et de dédier 40 milliards d’euros en 2024 dans cet objectif. Les entreprises devront fournir la moitié des efforts, les pouvoirs publics un quart et les ménages le dernier quart. La problématique réside dans la réalisation concrète de ces leviers sur le terrain qui engendre des besoins en main d’œuvre et en matériaux. Les objectifs sont techniquement faisables mais cela doit être organisé puis réalisé rapidement, et cela implique aussi un nécessaire changement de mode de vie.
« Il faut un plan de financement dans la durée car la transition, c’est un effort sur plusieurs décennies. L’État doit avoir les idées claires sur comment elle va être financée, pour avoir la capacité d’embarquer tout le secteur privé – les entreprises comme les ménages – afin de ne pas décourager les investissements. » conclut Benoît Leguet, directeur de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE).
Les entreprises aussi se mobilisent sur le sujet de la décarbonation. À l’approche de la COP28 à Dubaï, plus de 100 entreprises de renom, dont Bayer, Volvo, Décathlon, Ikea, Nestlé, Danone, Heineken, eBay et Unilever, ont uni leurs voix pour exhorter les gouvernements à intensifier leurs actions contre les énergies fossiles. Dans une déclaration commune, cosignée par 131 entreprises générant un chiffre d’affaires annuel combiné de près de 1000 milliards de dollars, ces acteurs économiques manifestent leur préoccupation quant aux effets et aux coûts croissants des phénomènes météorologiques extrêmes liés au dérèglement climatique.
Ces entreprises, représentant divers secteurs souvent pointés du doigt pour leur impact environnemental, soulignent la nécessité d’une transition vers des pratiques plus durables. Elles reconnaissent toutefois que cette transition ne peut se faire de manière isolée : « Nous ne pouvons pas réaliser cette transition de manière sûre et efficace seules. Les institutions financières, les producteurs de combustibles fossiles et les gouvernements ont tous un rôle crucial à jouer » peut-on lire dans un article du Figaro publié en octobre 2023 qui rapporte leurs propos. Leur appel comprend ainsi une demande explicite aux gouvernements de fixer des objectifs clairs et un calendrier pour l’élimination progressive des combustibles fossiles sans captage ou stockage du CO2.
Réunies au sein de la coalition We Mean Business, ces entreprises plaident en faveur d’une réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030. Elles suggèrent des mesures concrètes pour atteindre cet objectif, notamment en triplant la capacité d’électricité à partir de sources renouvelables et en doublant le taux de déploiement de l’efficacité énergétique d’ici la fin de 2030. « En tant qu’acheteurs et utilisateurs d’énergie dans le système mondial, nous avons un rôle important à jouer en envoyant un signal clair sur notre future utilisation de l’énergie » expliquent-elles.
« L’année dernière, à l’occasion de la COP27 en Égypte, 200 entreprises réunies par We Mean Business avaient déjà mis la pression sur les gouvernements dans un appel à maintenir « leur engagement à limiter le réchauffement à 1,5°C et à agir rapidement pour le mettre en œuvre », sans pour autant prôner des mesures concrètes. » précise le journal. En outre, il est à noter que certaines entreprises telles que Microsoft, Saint-Gobain ou H&M, qui avaient participé à des initiatives similaires l’année précédente, n’ont pas signé cette lettre aux gouvernements cette année.