Le Haut Conseil pour le climat vient de publier son rapport annuel. Le bilan de l’année 2022 en matière de réchauffement climatique est désastreux. L’organisme indépendant appelle le Gouvernement français à intensifier ses mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre et à instaurer une politique économique conséquente qui couvre tous les secteurs.
Le Haut Conseil pour le climat, dirigé par Corinne Le Quéré, vient de publier son rapport annuel. C’est le cinquième rapport émis par l’organisme indépendant placé auprès du Premier ministre français depuis sa création en 2018. Son objectif est notamment d’évaluer les évolutions liées à la mise en place de la politique du Gouvernement en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Dans un document de 200 pages, publié le 28 juin 2023 et qui contient une centaine de recommandations, le Haut Conseil pour le climat met en exergue les manquements des mesures prises par le pouvoir en place. L’instance estime en effet « que la France a été dépassée par les événements climatiques extrêmes qui l’ont frappée en 2022. Elle appelle le gouvernement à « acter l’urgence » et à accélérer son action pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre – dont le rythme est « insuffisant » . » écrit la journaliste du Monde Audrey Garric, dans un article rédigé à la publication du rapport.
Le document a réalisé un bilan de l’année 2022 en matière de réchauffement climatique et les chiffres sont jugés alarmants : hausse record des températures et immenses feux de forêts, baisse des précipitations et des rendements agricoles, nombreux décès humains et complications d’approvisionnement en eau potable, etc. En plus de la chute de la biodiversité, le rapport évoque aussi la diminution de l’absorption de carbone dans nos forêts à cause de la sécheresse, des parasites et des incendies. Or, les forêts sont primordiales pour compenser les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone.
« La température record de l’année 2022 correspond à la température moyenne en France à horizon 2050-2060 pour un niveau de réchauffement planétaire qui atteindrait 2°C. La France n’est pas prête à y faire face, comme l’année 2022 l’a démontré » explique lors d’une conférence de presse Corinne Le Quéré, dont les propos sont rapportés par France info dans un article publié le 28 juin dernier.
Si le rapport note une diminution des émissions de gaz à effet de serre en France de 2,7 % par rapport à 2021, les résultats ne sont pas homogènes en fonction des secteurs. Ainsi, le bâtiment et l’industrie ont fourni d’importants efforts tandis que le domaine des transports et de l’énergie ont émis davantage. Dans le secteur des transports, ce résultat est notamment dû à une électrification des véhicules trop lente, une vente de voitures trop lourdes à l’image des SUV qui consomment davantage, et l’absence de feuille de route pour baisser les émissions du trafic aérien. Dans le bâtiment, l’instance indépendante estime que la baisse de consommation d’énergie ne va pas assez vite. Dans le secteur de l’énergie, la hausse de la production des énergies renouvelables électriques est même définie comme étant trois fois trop lente.
Le rapport pointe 80 milliards d’euros de dépenses publiques défavorables au climat sur la période 2021-2023, dont plus de la moitié prévue pour cette année. « À l’heure actuelle, les financements du bouclier tarifaire envoient un signal opposé à la lutte contre le changement climatique » ajoute Corinne Le Quéré en évoquant les niches fiscales qui servent de fait les énergies fossiles.
Enfin, les baisses d’émission de carbone ont notamment été atteintes grâce à un élément conjoncturel et non structurel : une météo clémente à l’automne 2022. En outre, elles ne sont pas suffisantes si l’on veut atteindre les objectifs prévus pour 2030. En conséquence, il faudrait encore doubler la baisse de nos émissions, selon le Haut Conseil pour le climat, surtout avec la réduction des puits de carbone, c’est-à-dire les forêts. C’est ainsi une « politique économique d’ampleur pour répondre à la hauteur des enjeux » dont la France doit se doter si elle veut atteindre son ambition climatique ainsi que des aides adaptées à chaque secteur, notamment un accompagnement des industriels et des agriculteurs dans leur transition.