Le contexte économique est compliqué pour les entreprises mais ces dernières n’ont plus d’autres possibilités que d’initier un processus de décarbonation de leur activité pour assurer leur viabilité. Si les PME restent encore en marge de cet objectif, elles seront bientôt soumises elles aussi aux nouvelles réglementations en la matière et devront s’engager à leur tour. Elles peuvent néanmoins bénéficier de nombreux accompagnements.
Le contexte économique est compliqué pour les entreprises (hausse du prix de l’énergie et hausse des salaires réclamée par les employés afin de préserver leur pouvoir d’achat). Il est donc complexe pour ces dernières de pouvoir investir dans l’objectif d’utiliser moins d’énergie et plus généralement de décarboner leur activité. Pourtant, les entreprises « n’ont pas le choix, précisément parce qu’elles jouent leur survie. Ne rien faire dans le domaine de l’énergie et de la décarbonation est périlleux, tant pour la planète que pour la viabilité des entreprises » explique dans un article du journal La Tribune, publié le 21 janvier 2023, Caroline Véran, fondatrice et directrice de Croissance Bleue, une agence spécialisée dans la RSE.
Ces dernières n’ont plus le choix aussi parce qu’elles sont de plus en plus contraintes au niveau législatif, comme avec la directive CSRD qui les oblige à partir de 2024 à faire un reporting de leurs données relatives aux problématiques RSE. Mais la décarbonation, initialement imposée, est en marche. D’abord réclamée par les consommateurs, les actionnaires et les investisseurs, elle commence à être impulsée à l’intérieur même des entreprises. Les exigences de résultats demeurent identiques mais les valeurs changent, avec des impératifs extra-financiers souhaités par de nombreuses voix, à l’extérieur de l’entreprise comme en interne. « Les grands groupes ont embarqué leurs fournisseurs, qui, s’ils voulaient continuer à travailler avec ces gros clients, ont dû s’adapter à leurs demandes en matière de responsabilité environnementale » explique par exemple au journal La Tribune Hélène Chauviré, manager de Carbone 4, un cabinet qui accompagne les entreprises dans la baisse de leurs émissions carbone.
Le cas des PME est à part car leur capacité à financer la décarbonation est moindre. De plus, leurs préoccupations ont le plus souvent des échéances à court terme. L’objectif de neutralité carbone prévu pour 2050 semble loin. « On sait que plus l’entreprise est petite, moins la préoccupation est grande en matière de décarbonation et moins elle engage des actions » explique au journal Les Echos fin janvier 2023 Olivier Tekoutcheff, directeur de marché industrie de GreenFlex, une filiale de TotalEnergies spécialisée dans la transformation énergétique. Ainsi, même si les chiffres officiels ne sont pas encore connus, il semblerait que seuls 20 % des PME françaises auraient calculé leur empreinte carbone, nécessaire à la mise en place d’une stratégie de décarbonation, contre 37 % pour l’ensemble des entreprises, toutes tailles confondues, d’après le baromètre GreenFlex-LCL publié en novembre 2022.
Néanmoins, les petites entreprises peuvent bénéficier d’un certain nombre d’aides financières, comme celles incluses dans le plan gouvernemental Industrie Zéro Fossile, et d’accompagnements. Bpifrance, la banque publique d’investissement française qui finance les entreprises, propose par exemple des aides allant du diagnostic jusqu’au prêt. Et le projet de loi préparé par le ministre de l’Économie, Bruno Lemaire, sur le sujet de l’industrie verte devrait accélérer le processus et faciliter l’entrée des PME dans la décarbonation. Côté expertise, si les PME manquent souvent des ressources humaines nécessaires en interne, elles peuvent également bénéficier de la force du collectif. « La Convention des entreprises pour le climat, qui regroupe quelque 150 dirigeants et dirigeantes d’entreprises de toute taille et de tous secteurs, totalisant plus de 250 000 salariés, a partagé ces derniers mois des informations sur le climat et la décarbonation mais aussi de bonnes pratiques. Les entreprises participantes ont présenté une feuille de route pour transformer leur business modèle, et un centre de formation va être lancé. » peut-on par exemple lire dans l’article du journal La Tribune.
Dans tous les cas, les PME aussi n’auront bientôt plus le choix. En effet, elles seront à leur tour concernées par la directive CSRD, à plus long terme. « Les entreprises comprennent que, même si elles ne sont pas obligées de faire un bilan carbone aujourd’hui, elles vont l’être très prochainement » constate ainsi dans le journal Les Echos Florence Naillat, déléguée générale adjointe du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (ETI). Les ETI, dont une partie est déjà soumise aux nouvelles règles en vigueur, sont désormais nombreuses à se lancer dans la décarbonation.