Le Mouvement Impact France a lancé un manifeste à destination des candidats à l’élection présidentielle de 2022. L’association, qui regroupe des entrepreneurs de l’Économie sociale et solidaire, a pour objectif d’interpeller le futur Président de la République quant à l’impact de l’économie sur l’environnement et la société. Elle a réalisé dans ce cadre un sondage qui souligne la méfiance des consommateurs envers l’engagement des entreprises. Ces derniers souhaitent notamment que l’État interfère davantage dans les politiques RSE des groupes français.
Mouvement Impact France, une association représentant les entrepreneurs de l’Économie sociale et solidaire en France et présidée par Jean Moreau et Eva Sadoun, vient de publier une enquête réalisée par Harris-Interactive. « Les résultats de notre sondage sont tombés : 42% jugent l’engagement des entreprises « superficiel », celles-ci agissant « à travers des actions peu engageantes, peu coûteuses pour elles, qui ne durent pas dans le temps». » twittait Jean Moreau le 9 février 2022.
Ce sondage a été réalisé à l’occasion du lancement du Manifeste de l’économie de demain par l’association. A quelques semaines des élections présidentielles, le but de ce manifeste est d’interpeller les candidats afin de faire de la France une nation à impact au niveau écologique et sociétal. Pour ce faire, ces entrepreneurs souhaitent modifier le fonctionnement de l’économie : « L’économie peut-elle redevenir une solution pour le monde de demain ? Nous, entrepreneurs et dirigeants engagés dans la transition écologique et sociale, faisons la preuve que oui. L’économie doit et peut changer, mais des changements à la marge ne suffiront pas à relever les défis auxquels nous faisons face. Ce qu’il faut, c’est un nouveau modèle, et un contrat renouvelé entre l’État et toutes les entreprises, au service du bien commun. » peut-on lire dans le manifeste.
Le sondage avait pour objectif de mettre en exergue les attentes des consommateurs. Le couperet est tombé : les trois quarts des français interrogés affirment douter des engagements annoncés par les entreprises. Presque la moitié les juge même « superficiels ». Ils sont enfin un tiers à penser que ces engagements n’émanent que d’une stratégie de communication : les entreprises « se donnent une image écologique et sociale alors qu’elles ne font aucun véritable effort sur ces enjeux » affirment ces derniers lors de l’enquête.
Les consommateurs ne nient pas la prise de conscience des entreprises quant à leur impact sur la société et l’environnement. Mais, parmi les 1000 français sondés, seulement 23 % considèrent que « les entreprises agissent pour l’environnement et/ou la société aux prix d’un effort réel, sur la durée » et que « cela leur coûte de le faire » . Les plus de 65 ans sont les plus septiques quant à l’engagement des entreprises car ils sont 90 % à juger négativement leurs actions.
Mais l’enquête ne se contente pas de souligner la méfiance des français envers les entreprises. Elle interroge également ces derniers sur les mesures à mettre en place pour aider ou bien contraindre les entreprises à s’engager plus concrètement et réduire leur impact. Les sujets sociétaux sont évoqués : réduction des différences de salaires entre les hommes et les femmes, partage des bénéfices ou encore inclusion des personnes en situation de handicap. Quant aux problématiques environnementales, les sondés considèrent qu’elles doivent devenir une priorité pour les entreprises.
Or, 67 % des français interrogés déclarent « difficile de distinguer (les entreprises) qui sont réellement responsables des autres ». En conséquence, 87 % d’entre eux souhaitent la création d’un « index synthétique permettant de noter l’engagement social et environnemental des entreprises françaises » car ils jugent que les labels sont peu ou mal connus. Enfin, 59 % des personnes sondées pensent que « les entreprises ne sont pas capables de se contraindre seules à l’adoption de comportements vertueux et ont besoin de l’injonction des pouvoirs publics ».
C’est probablement la raison pour laquelle, dans son manifeste, l’association demande au futur Président de la République d’agir sur ce point : « Les entreprises engagées dans cette direction subissent une distorsion de concurrence massive, au vu des investissements en temps comme en argent que cet engagement suppose à court-terme, à défaut de réelles incitations associées. Mais aussi parce qu’aucun objectif en matière de transformation n’est donné aux entreprises et organisations par la puissance publique pour clarifier le chemin à parcourir et les inciter à se transformer vraiment. Aujourd’hui, la multiplicité des labels, certifications, classements, révèlent la richesse des engagements et des attentes, tout en étant parfois contre-productive, chacun·e choisissant ses propres objectifs et référentiels. Or, c’est en fixant l’ambition collective que l’État pourra permettre un engagement plus puissant des entreprises, car c’est bien au pouvoir politique qu’il appartient de déterminer le cap de la transition écologique et sociale, auquel doit participer le monde économique. C’est à cette condition que les entreprises pourraient devenir un accélérateur de la transition sociale et environnementale. »