Les études le montrent, les femmes sont rarement à la tête des grandes entreprises françaises et elles occupent rarement les postes de direction les plus opérationnels. De plus, les femmes sont peu nombreuses à se lancer dans l’entrepreneuriat, à cause notamment du manque de financements qui leur sont attribués. Des solutions se mettent donc en place pour relancer l’ambition féminine dans les entreprises.
Le cabinet de conseil Heidrick & Struggles a réalisé au début de l’année 2022 une étude qui confirme le retard des entreprises françaises. Dans les groupes cotés en bourse, la loi Copé-Zimmermann, votée il y a dix ans et qui impose 40% de femmes dans les conseils d’administration, n’est toujours pas respectée. L’étude montre en effet qu’il manque encore près de 200 femmes à des postes de direction au sein des entreprises de plus de 1000 salariés (dont 78 parmi les entreprises du CAC 40) pour atteindre ce quota de représentation.
Certes, il y a des évolutions notables dans certaines entreprises, comme chez Europcar, Eutelsat, Gecina, Maisons du Monde, Nexity et Sodexo qui sont dirigées par une femme. Mais, même dans les entreprises qui respectent le quota de 40 %, on constate des disparités tout aussi notables dans le type de poste attribué. Ainsi, dans ces comités exécutifs, 68% des femmes occupent des postes dits fonctionnels comme dans les ressources humaines, le marketing, la communication ou la RSE, tandis que les postes dits opérationnels (direction générale et direction commerciale) sont réservés aux hommes (86%).
« Si on était un peu critique par rapport à ça, on dirait qu’on commence à observer des comités exécutifs à deux vitesses » affirme Hervé Borensztejn de Heidrick Consulting dans un article de BFM Business publié le 9 février 2022.
En mai 2021, le collectif d’entrepreneures Sista a réalisé, en coopération avec le Conseil national du numérique (Cnum) et le Boston Consulting Group (BCG), son deuxième baromètre. On y apprend que seules 21% des start-up ont été créées par des femmes. C’est toutefois mieux qu’en 2019 où elles n’étaient que 17% à avoir franchi le pas. Mais les femmes restent peu nombreuses dans l’entrepreneuriat. Les causes ? « Stéréotypes, manque de confiance des femmes, déficit d’information et faiblesse de leurs réseaux professionnels » peut-on lire dans un article de Challenges daté du 21 mars 2022.
Il y a aussi de véritables inégalités en ce qui concerne le financement, souvent liées aux questions de maternité. « Un fonds d’investissement m’a demandé des détails sur mes enfants, qui s’en occupait, des choses qu’on n’aurait jamais demandées à un homme. Ils ont fini par refuser d’investir chez nous car nos maris n’avaient pas encore injecté de fonds » explique amèrement Julie Boucon, cofondatrice de l’application Holy Owly, au journal Les Echos Start le 21 janvier 2022.
Dans le baromètre de Sista, on apprend également que pour tous types de montants confondus, seuls 3 % des fonds levés en 2020 l’ont été par des équipes composées uniquement de femmes. Quand le montant du projet est entre 15 et 50 millions d’euros, les femmes ne sont plus que 2 %. Et enfin, au-dessus de 50 millions, on ne trouve que des équipes masculines ou mixtes.
Premièrement, le respect des lois impactera la présence des femmes dans les postes de direction des entreprises. La loi Rixain, votée en décembre, impose un quota de représentation d’au moins 30% de femmes en 2027 et 40% en 2030 parmi les cadres dirigeants et les membres des instances dirigeantes des entreprises d’au moins 1 000 salariés. De plus, pour respecter ce seuil, « les entreprises ne pourront pas se contenter d’avoir uniquement des femmes sur les postes fonctionnels » ajoute Hervé Borensztejn de Heidrick Consulting. L’on peut donc espérer voir des femmes désormais occuper tous les types de postes à haute responsabilité.
Deuxièmement, de nombreuses actions sont mises en place, augmentant les chances de voir naître un changement durable. Par exemple, en partenariat avec la banque publique Bpifrance, l’organisateur de forums sur l’entrepreneuriat féminin Be a Boss, la plateforme d’évaluation des performances RSE EcoVadis et la grande école de commerce HEC Paris, BNP Paribas et le Women’s Forum viennent de lancer le « French Women Entrepreneurs 40 ». Les candidatures sont ouvertes pour ce palmarès 100 % féminin qui mettra à l’honneur les 40 entrepreneures françaises sur lesquelles il faudra compter demain. La chef d’entreprise Catherine Barba, figure de l’entrepreneuriat féminin, sera la marraine de la première promotion « French Women Entrepreneurs 40 ». 20 start-up, 15 PME de 10 à 50 millions d’euros de chiffre d’affaires et 5 entreprises de taille intermédiaire (ETI) avec 50 à 150 millions de chiffre d’affaires composeront le futur palmarès. Le but ? « Identifier et mettre en lumière les talent féminins français dans ce domaine (ainsi que) leur donner une visibilité au niveau national et international » explique Audrey Tcherkoff, directrice générale du Women’s Forum, au journal Challenges.
Enfin, côté financement, « une cinquantaine d’investisseurs – des fonds mais aussi bpifrance, la Banque publique d’investissement – se sont engagés en 2019 à financer 25 % de start-up fondées ou cofondées par des femmes d’ici 2025 » afin de lutter contre ces inégalités, nous apprend l’article du journal Start Les Echos.