Fnac, Etam, Monoprix, Kiabi… Quelle politique les grandes enseignes françaises du commerce spécialisé ont-elles mis en place en matière de RSE ? Procos, la fédération pour la promotion du commerce spécialisé, vient de publier un livre blanc qui repose sur une enquête menée auprès de ses adhérents. Les actions des entreprises interrogées y sont présentées et les efforts soulignés. Mais la nécessité d’adaptation ou les contraintes financières viennent freiner ces avancées.
Reprenant une étude réalisée par Havas Commerce et Paris Retail Week en juin 2021, Procos affirme que, depuis l’épidémie de Coronavirus, la plupart des français éprouve désormais de l’anxiété concernant les enjeux environnementaux. En effet, lors de cette enquête, 76 % ont déclaré être préoccupés par ce sujet. Cette inquiétude a même eu des conséquences sur la consommation de 38 % d’entre eux, plus précisément sur leurs décisions d’achats. Craignant la surconsommation, les français plébisciteraient donc, toujours selon l’étude, les marques engagées en faveur de la préservation de l’environnement.
« Les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux enjeux de développement durable. Nous recevons de nombreux courriers nous questionnant sur l’origine des fruits et légumes, l’utilisation du plastique pour les emballages, les conditions de travail dans les usines, l’origine de la fabrication des produits et le bien-être animal. L’activisme des associations rejoint les préoccupations des clients. Les collaborateurs se sentent de plus en plus investis et demandent à s’engager en attendant de l’entreprise des propositions. » explique Karine Viel, Directrice Développement durable & Déléguée générale de la Fondation d’entreprise de Monoprix, lors de la réalisation du livre blanc. Et pour cause, une grande majorité de commerçants (85%) affirment désormais avoir décelé cette nouvelle préoccupation chez leurs clients.
En juillet 2021, Procos a réalisé une enquête sur le sujet, auprès de 51 enseignes adhérentes, tous secteurs d’activités confondus, représentant 17 000 magasins et 42 milliards de chiffre d’affaires. 65 % d’entre elles ont affirmé avoir mis en place une politique RSE globale, c’est-à-dire dans tous les secteurs de leur entreprise, et 30 % ont déclaré vouloir initier cette mutation à très court terme.
« L’éco-responsabilité ne doit pas être seulement une posture de communication mais doit irradier tous les maillons de la chaîne de valeur. Acheter local, plus de produits bio et plus de produits respectueux de l’environnement est devenu une tendance de fond. » soulignait Arnaud Gallet, Directeur du salon Paris Retail Week 2021, dans le cadre du sondage co-réalisé avec Havas commerce.
Les entreprises françaises du commerce spécialisé en sont bien conscientes. C’est en tout cas ce qu’a analysé Procos lors de son enquête. En effet, le sondage met en avant les actions des enseignes pour diminuer leur emprunte carbone : les pratiques de ces dernières ont considérablement évolué en 5 ans. On peut y lire que les entreprises sondées sont 86 % à avoir établi une politique de réduction, de suppression ou de recyclage des déchets. En outre, plus de la moitié des enseignes ont mis en place un contrôle de l’origine des produits qu’elles utilisent. On y apprend encore que plus de 80 % des entreprises ont mené des actions en faveur de l’amélioration des conditions de travail, de l’égalité ou de la mixité.
Selon la fédération, les conclusions du sondage démontrent qu’il ne s’agit plus de savoir si les enseignes souhaitent ou non être actrices du changement car seules 10 % ont indiqué ne pas encore avoir mis en place d’actions sociétales ou environnementales. La problématique repose donc plutôt sur la faisabilité de leur politique de transformation et le soutien qu’il est nécessaire de leur apporter pour accélérer le processus.
«Réduction de la pollution, économie circulaire, contrôle de traçabilité, limitation des transports font partie intégrante des objectifs que se fixent les enseignes. Cependant, ces mesures impliquent un temps d’adaptation, des compétences spécifiques et des investissements lourds qui ralentissent le déploiement de ces avancées » affirme Procos dans son communiqué de presse. « A titre d’exemple, les enseignes ont besoin de stabilité réglementaire et législative pour décliner rapidement les politiques environnementales sur le terrain. Un guichet unique centralisant l’ensemble des dispositifs les y aiderait. » ajoute la fédération pour la promotion du commerce spécialisé.