La Commission européenne définit le concept de RSE comme étant « l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes ». La RSE a pour objectif de placer éthique et environnement tout au long du parcours de production d’une entreprise, tout en veillant au bien-être des salariés de l’entreprise.
Mais quelles sont les positions et les programmes envisagés par les candidats à la présidentielle 2022 pour développer la RSE en France ?
Selon une étude Ipsos, les Français sont 93 % à être intéressés par les questions environnementales et attentifs aux changements proposés par les candidats à la présidentielle. « Pour faire face à cette question environnementale, les Français placent en premier le changement du fonctionnement du système économique (50%), avant l’évolution des comportements des citoyens (34%), puis le développement d’innovations scientifiques (16%) », selon l’étude.
En revanche, bien qu’elle soit davantage mise en avant ces dernières années, la question de la RSE reste encore méconnue du grand public. Elle prend donc une place limitée dans le début public. A gauche comme à droite, les candidats à la présidentielle de 2022 évoquent logiquement assez peu la RSE au sens strict. Pour autant, leurs programmes évoquent souvent des questions liées à cette problématique, en partie sur son volet environnemental.
Valérie Pécresse, candidate des Républicains, s’est d’emblée positionnée contre Emmanuel Macron, et a déclaré juste après sa victoire à la Primaire vouloir se destiner à « l’écologie de progrès, destinée à produire plus et mieux ». Elle a aussi indiqué vouloir gagner « les batailles économiques, sociales et environnementales », sans préciser lesquelles. Son programme n’aborde d’ailleurs pas la question de la RSE.
Marine Le Pen, candidate RN, souhaite quant à elle « nationaliser les dynamiques sociales et économiques ». En 2017, elle s’inscrivait déjà dans cette démarche et avait proposé de taxer les contrats d’employés étrangers. Une façon d’associer les entreprises à son programme de préférence nationale, mais sans mettre en avant (comme Valérie Pécresse) l’éthique ou l’environnement dans le secteur privé.
Du coté d’Eric Zemmour, le silence sur ces questions est encore plus assourdissant.
Emmanuel Macron, qui ne s’est pas encore officiellement présenté pour 2022, avait en 2017, beaucoup misé sur l’instauration d’un malus pour les entreprises qui « recourent excessivement aux contrats-courts » indiquant que celles qui privilégiaient les contrats durables auraient droit à un bonus. La mesure, votée en 2019, a eu un impact limité sur le recours aux contrats courts.
Emmanuel Macron avait par ailleurs fait de l’égalité femmes/hommes la grande cause de son quinquennat, avec un bilan mitigé, malgré des mesures volontaristes, dont l’impact a été en partie sabordé par la crise sanitaire. Les questions d’écologie et d’éthique au travail étaient totalement absente de son discours-bilan du 15 décembre 2021, laissant augurer une place limitée à ces problématiques dans son futur programme.
Yannick Jadot, le candidat EELV, a récemment présenté son programme « France vive » construit autours d’une « République écologique », et tourné essentiellement vers des questions écologiques, économiques et sociétales.
Il propose ainsi de réduire le temps de travail à des semaines de 4 jours pour les salarié.e.s et revaloriser le SMIC à 1 800 euros brut. « Je veux instaurer une vraie protection sociale pour les nouveaux statuts », a-t-il indiqué, précisant que la lutte contre l’ubérisation sera l’une de ses priorités, notamment pour les « vrais/faux salariés de type Uber ».
Yannick Jadot défend par ailleurs, un revenu d’existence « assuré à tout.e.s dès la naissance ». Sans vouloir remplacer les minima sociaux, il souhaite « changer la place du travail et reconnaître l’utilité sociale de chacune et de chacun ». Les conditions précises du revenu d’existence seront mieux définies lors d’un prochain débat national.
D’ailleurs, afin de rendre le pouvoir aux salarié.e.s, Yannick Jadot souhaite que 50 % des sièges des conseils d’administration leur soit réservés. Il veut également rendre publique la liste des entreprises n’ayant pas encore publié leur index sur l’égalité femmes/hommes.
Le candidat EELV propose aussi un « small Buisness ACT » pour « réserver 50 % des marchés publics aux PME/PMI et aux start-up qui emploient localement ». 750 000 logements chaque année sont ainsi visés par des rénovations thermiques.
Jean-Luc Mélenchon, candidat France Insoumise, propose aussi un programme avec un large volet social et environnemental, qui aurait un impact direct sur le secteur privé : il veut ainsi « rapprocher bassins de vie et bassins d’emploi », adopter une loi de lutte contre le sexisme – et donc « imposer cette égalité dans les institutions politiques, administratives, économiques, syndicales et associatives » -, mais aussi instaurer un protectionnisme écologique en modulant les droits de douane en fonction des conditions de production et de rémunération du travail agricole (une façon de favoriser les entreprises les plus éthiques) ou encore développer les circuits-courts pour réduire l’utilisation d’emballages.
Le candidat a également déjà proposé « d’encadrer la sous-traitance et étendre la responsabilité juridique, sociale et écologique des donneurs d’ordre », et d’instaurer un salaire maximum, avec une limitation des écarts de 1 à 20 entre le plus bas et le plus élevé.