Le marché du reconditionné est en plein boom. La seconde main, écologique et économique, s’inscrit en effet durablement dans les habitudes des ménages français et s’avère indispensable à la mise en place d’une politique RSE efficace au sein des entreprises.
« La seconde main, écologique et économique, s’inscrit durablement dans les habitudes des français » affirme l’entrepreneur engagé Jean Moreau sur son compte Twitter au printemps 2023. Cette affirmation est confirmée par Xerfi, un cabinet d’études, qui a réalisé courant 2023 une analyse détaillée du marché du reconditionné en France. Ces produits remis en état et vendus en seconde main rencontrent en effet un succès certain.
Le marché du reconditionné a débuté avec les smartphones, enregistrant une croissance impressionnante de près de 70 % depuis 2016, avec 3,2 millions d’unités vendues et un chiffre d’affaires dépassant 1 milliard d’euros en 2022. Cette tendance s’étend progressivement à d’autres marchés, en particulier ceux caractérisés par une technicité élevée. En 2022, le taux de pénétration sur les marchés de l’électroménager et des équipements informatiques atteignait respectivement 5 et 3 % des ventes (comparativement à près de 19 % pour les téléphones portables). Les marchés des vélos et trottinettes électriques sont également de plus en plus concernés.
Les distributeurs répondent à cette demande croissante en accélérant le développement de leurs offres de produits reconditionnés, adoptant des stratégies diverses. « Décathlon a nettement élargi son offre de produits reconditionnés en 2022. Dans le même temps, Castorama a lancé sa boutique officielle sur la marketplace de Back Market. King Jouet déploie de son côté depuis mai 2022 une nouvelle enseigne mêlant une offre de jeux et jouets reconditionnés et neufs, King’Okaz. » précise un article du site d’informations Républik Retail publié fin septembre 2023. La demande des ménages pour des biens reconditionnés devrait rester importante en 2024, stimulée par la nécessité d’économiser et le souhait de réduire les conséquences de la consommation sur l’environnement.
Le marché du reconditionné, bien que florissant, compte encore peu de détaillants spécialisés. Back Market domine en ligne, tandis qu’Amazon et Cdiscount disposent chacun de boutiques virtuelles dédiées aux produits reconditionnés. Les grandes enseignes, telles que Fnac et Darty, référencent principalement leurs produits reconditionnés sur leurs sites, générant un chiffre d’affaires d’environ 100 millions d’euros en 2022. Les boutiques spécialisées en seconde main constituent le deuxième circuit de distribution, attirant 17 % des consommateurs de produits reconditionnés.
Afin de limiter la pollution numérique, les entreprises sont incitées à intégrer l’empreinte de leurs terminaux numériques dans leurs politiques d’achat et opter comme de plus en plus de particuliers pour des équipements numériques reconditionnés. Les activités quotidiennes en entreprise, même basiques comme l’envoi d’un simple mail, contribuent à la pollution numérique. Ainsi, les ordinateurs, tablettes et téléphones mobiles, bien qu’essentiels, représentent 60 à 90 % de l’empreinte numérique selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME).
« L’analyse des impacts environnementaux du numérique démontre que c’est la phase de fabrication qui est la principale source d’impact (78 % de l’empreinte carbone), suivie de la phase d’utilisation (21 % de l’empreinte carbone) » explique l’ADEME dont les propos sont rapportés dans un article d’Économie matin publié en novembre 2022. En effet, l’extraction de matériaux nécessaires à la construction d’un appareil neuf contribue de manière significative à la détérioration des sols et de la biodiversité tout en étant émetteur de CO2.
Or, toujours selon l’ADEME, l’acquisition d’un téléphone mobile reconditionné peut réduire l’impact environnemental annuel de 55 à 91 % par rapport à un smartphone neuf. Le marché du reconditionné, pour le matériel informatique mais également les moyens de transport tels que la trottinette et le vélo, est donc très intéressant dans le cadre de la mise en place d’une politique RSE.
La hausse des besoins en équipements, engendrée par le télétravail, offre l’opportunité de lier les politiques d’achat avec les objectifs RSE. Mais « la RSE ne doit pas se restreindre à un seul département, elle doit pouvoir rayonner dans toutes les sphères de l’entreprise. Cessons les sillons pour être les plus à même d’avancer. La politique d’achat doit être appréhendée sous le prisme de l’éco-responsabilité et les acheteurs ont leur part à prendre dans cette stratégie en faveur de l’environnement. » peut-on encore lire dans l’article.
Encore mieux, pour une politique d’achats responsable, le reconditionnement doit être associé au sourcing local. Des entreprises spécialisées dans le reconditionnement, telles que Hubside.store ou SMAAART, installent des usines de réparation en France et récupèrent localement les appareils à réparer. Les entreprises peuvent ainsi bénéficier d’appareils en parfait état, garantis, dont le prix est en outre abordable.