Sans surprise, ce sont les pays scandinaves qui obtiennent les meilleurs résultats en matière d’égalité homme-femme au travail. Sur ce sujet, beaucoup d’efforts restent à faire en Europe. Pourtant, promouvoir l’égalité professionnelle apporterait de nombreux avantages aux entreprises.
Reboot Online, une agence britannique spécialisée dans le marketing digital, a étudié les pratiques d’une trentaine de pays européens en matière d’égalité entre les hommes et les femmes au travail. Ils ont analysé dans cet objectif les données de l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes qui permettent d’évaluer le nombre de postes de direction occupés par des femmes, ainsi que les données du Global Gender Report de l’année 2022 réalisé par le Forum économique mondial et qui permettent de connaître le taux de participation des femmes parmi la population active. Reboot Online a également pris en compte les données de la World Population Review sur la rémunération accordée aux femmes durant leur congé maternité. L’agence britannique a ainsi étudié trois critères (le nombre de postes de direction occupés par des femmes, leur part parmi la population active et la rémunération lors du congé maternité) afin de donner une note sur 300 à chacun des pays concernés.
Leur but était de déterminer quelles sont les nations qui donnent aux femmes de réelles perspectives professionnelles. Les résultats de l’enquête ont montré que de nombreux efforts restent à faire et que, sans surprise, ce sont les pays scandinaves qui obtiennent les meilleurs résultats. La Suède, en haut du classement, obtient 241,4 points. « Il n’est pas surprenant que les Suédoises s’épanouissent sur leur lieu de travail, car les données montrent qu’il y a beaucoup d’opportunités pour elles à des postes de direction » explique Reboot Online au journal La Tribune dans un article paru le jeudi 9 mars 2023. La Suède atteint également une note optimale en ce qui concerne la part des femmes dans la vie active. Enfin, concernant le congé maternité, même si celui-ci n’est pas le mieux rémunéré, la durée totale est élevée et égale au congé paternité puisque les nouveaux parents ont le droit à 480 jours par enfant qu’ils peuvent se partager. La Finlande se place en deuxième position avec 227,6 points, suivie de la Norvège qui obtient 213,8 points. Dans ces deux pays, les femmes bénéficient de 39,9 semaines complètes de congé maternité rémunérées.
La France occupe de son côté la dixième place du classement, pénalisée par la rémunération des femmes octroyée lors de leur congé maternité (27,6 points sur 100). Elle obtient de meilleures notes pour les deux autres critères : 96,6 points pour le nombre de femmes occupant des postes de direction et 62,1 points pour le pourcentage de femmes dans la vie active. Au bas du classement, on trouve les Pays-bas (28ème place), Chypre (29ème) et la Turquie (30ème).
« Même s’il est bon de constater certaines avancées, les femmes sont encore confrontées à de nombreux défis en matière d’égalité entre les sexes sur le lieu de travail, qui concernent non seulement l’écart salarial, le manque de représentation des dirigeants, les incitations gouvernementales et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée » explique au journal La Tribune Naomi Aharony, PDG de l’agence Reboot Online.
« Devoir partager quand on a toujours eu l’habitude de bénéficier de privilèges peut être perçu comme un recul ou comme une défaite. C’est alors une peur profonde qui se base sur l’idée du jeu à somme nulle : si les femmes gagnent, les hommes perdent. Et, intuitivement, les hommes voient assez bien ce qu’ils ont à perdre. » écrit Jean-Michel Monnot, expert de l’inclusion et de la diversité, dans une newsletter de ViveS média. Pourtant, les entreprises ont beaucoup à gagner en promouvant la mixité.
En effet, cela permettrait premièrement d’améliorer la performance de l’entreprise car plus de diversité au sein des équipes donnerait une vision plus large des enjeux et donc des réponses à apporter. En outre, lorsque les femmes sont plus nombreuses à occuper les postes de management, la qualité de vie au travail serait améliorée. « Globalement, les femmes seraient de meilleurs managers. Elles auraient tendance à plus encourager leurs collègues au travail et à mieux voir leurs progrès. Les salariés managés par des femmes déclareraient 1,26 fois plus que ceux managés par des hommes que leur développement est encouragé dans l’entreprise. Cela contribuerait donc à créer un environnement d’émulation et de motivation. » peut-on lire dans un article du site d’informations Youmatter publié en 2021. De plus, une présence accrue de femmes au sein de l’entreprise permettrait de mieux comprendre les besoins des consommateurs puisqu’il est avéré que ce sont ces dernières qui gèrent les achats au sein de leur propre famille.
Améliorer l’égalité entre les femmes et les hommes est également un moyen d’attirer plus de candidates féminines, notamment parmi les jeunes diplômés qui sont sensibles à l’engagement sociétal des entreprises, et en particulier parmi ceux qui ont atteint le niveau du master puisque ce sont en majorité des femmes. Cela permettrait également de parfaire l’image de l’entreprise en interne, et donc de favoriser la fidélité des employés, mais aussi envers les consommateurs, ce qui augmenterait les parts de marché. Enfin, il ne faut pas oublier qu’améliorer l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes est aussi une obligation. Une entreprise peut être sanctionnée juridiquement et financièrement si elle ne met pas en place des plans d’action pour diminuer ces inégalités.