J’ai toujours été « amoureuse » de la nature. Au-delà de mes nombreuses collections de fiches animalières, d’herbiers ou autres objets naturels en tous genres, petite, je passais mes journées dehors, à explorer…C’était mon terrain de jeu. C’est lors de mon expérience au sein du Groupe Carrefour que j’ai eu l’opportunité de toucher à ce qui faisait vraiment sens pour moi.
Le déclic est arrivé un soir, alors que j’occupais un poste dans le digital. En rentrant chez moi, j’ai vu un énorme bac de mangues d’un supermarché, destiné aux ordures. Ce gâchis a été comme un électrochoc : je travaillais au siège du plus grand retailer de France, je ne pouvais pas rester là, les bras croisés. J’étais convaincue qu’il y avait matière à concilier digital et RSE (faire et faire-savoir), à trouver le juste milieu entre la désinformation et le fait de faire de la RSE un argument de vente (greenwashing).
Et j’ai fait en sorte d’y parvenir. Audace et passion m’ont toujours permis de foncer…au risque de me brûler les ailes. J’ai compris que ces caractéristiques allaient être mon moteur. C’est d’ailleurs en suivant cette dynamique que j’ai quitté le salariat pour créer mon entreprise.
Je suis convaincue qu’il est urgent et nécessaire d’embarquer les entreprises sur les sujets RSE. Mais pas uniquement sur des plans stratégiques : via des actions concrètes, qui ont du sens, et qui s’inscrivent dans les engagements des Accords de Paris. Parler de neutralité carbone sur les scopes 1 et 2, c’est bien, mais clairement insuffisant. Et une entreprise qui annonce être neutre en carbone sans se pencher sur le scope 3 (c’est-à-dire sans prendre en compte notamment les émissions de ses fournisseurs), c’est du greenwashing.
C’est donc afin de comprendre les enjeux RSE des organisations, mais aussi de leur créer un écrin pour échanger sur leurs actions, leurs innovations, et faire savoir ce qu’elles font « vraiment » – et j’insiste sur ce point -, que j’ai lancé mon podcast L’Empreinte.
Je réalise également des reportages ou d’autres formats (télé, podcast, radio…) qui peuvent être des commandes en marque blanche, au sein de mes différentes casquettes d’entrepreneure. Je suis toujours cette dynamique : comprendre, explorer et mettre en lumière afin d’inspirer un maximum.
J’ai la chance d’avoir une belle communauté de personnes de tous horizons, engagées sur les différents réseaux sociaux que j’anime quotidiennement. Leur soutien est essentiel pour mon activité !
Lors de mes interviews, j’essaye de poser des questions simples mais vraies ; finalement les questions que tout le monde pourrait se poser. Je me laisse porter par l’échange et je n’ai généralement aucune note, sauf pour l’introduction. Le travail se fait en amont, pour appréhender le sujet et comprendre les enjeux.
L’Empreinte est né d’une co-création avec les studios BaBaBam. J’ai une totale liberté de parole, le but n’est pas de faire de la publicité aux entreprises, ni de les provoquer. J’ai envie de comprendre ce qui se passe dans leur secteur d’activité, au sein de leur groupe. De ce fait, les échanges portent souvent sur des questions de société, que tout le monde se pose. J’essaye de trouver un juste équilibre entre investigation et bienveillance. J’interroge des chefs d’entreprise principalement, ou des responsables RSE. Nous parlons beaucoup de sujets environnementaux mais également d’inclusion, de santé… des thèmes sociaux que je souhaite davantage porter désormais.
Si on ne croit pas en l’innovation positive et durable, je pense, à mon humble avis, qu’on court à notre perte. Attention : innovation oui, mais en revoyant d’abord nos façons de consommer et de produire, donc en passant FORCEMENT par une forme de sobriété.
Sans innover, on ne pourra pas décarboner. Or, la sobriété permet de maintenir en l’état, mais ne suffit pas pour tenter d’inverser la tendance…
Nous ne sommes pas tous en mesure de changer drastiquement de style de vie, de revoir nos façons de nous mouvoir… Certains le font par choix, d’autres non. Et je ne souhaite pas faire de l’écologie punitive, bien qu’elle passe forcément par une révision de beaucoup de modes de vie. Pour ma part, je ne prends pas l’avion, je n’ai pas de voiture et je suis végétarienne. Mais c’est facile quand on vit à Paris avec les transports en commun et les pistes cyclables.
L’innovation est finalement la seule façon de rendre accessible l’écologie.
Tout à fait. Mais au-delà du manque d’aides, il y a un manque de fluidité.
Aujourd’hui, il n’y a pas suffisamment d’aides pour rendre accessibles certaines solutions plus écologiques. Bien sûr qu’en ce qui concerne la consommation, acheter local et de saison est souvent le moins onéreux et reste le plus intéressant à mettre en place. Mais acquérir des produits bio, ou produire des fruits et légumes bio quand on est agriculteur, est pour beaucoup inabordable.
C’est la même chose pour le secteur du logement. Il va falloir beaucoup plus d’aides, afin de permettre aux Français de rénover énergétiquement leur logement. Il en existe déjà, mais quand on voit le nombre de passoires thermiques et de copropriétaires qui ne peuvent pas financer les travaux, on comprend que ce n’est pas suffisant.
Tout est compliqué, rien n’est logique, comme l’avion qui coûte souvent moins cher que le train.
C’est pourquoi, je considère qu’il est trop facile de reprocher aux gens de ne pas faire d’efforts. En les culpabilisant, on les encourage surtout à nous haïr et à renoncer. Dans le mot RSE, il n’y a pas que le E. Je crois dans le génie humain. Le progrès vient de l’homme. Certes, il est la cause de l’état actuel de la planète, mais je ne pense pas qu’il ait cru mal faire initialement. J’aime profondément l’humain. Il y a de plus en plus de haine et de moralisation stérile dans l’écologie et, pourtant, c’est finalement un acte d’amour que celui de sauver la planète.