Les entreprises peuvent jouer un rôle significatif dans la protection de l’environnement via la mise en place du mécénat environnemental. En collaborant avec une diversité d’acteurs sur le long terme, en évaluant rigoureusement les projets menés et en impliquant en premier lieu leurs salariés, les entreprises évitent le piège du greenwashing et enrichissent leur politique RSE.
En 2022, l’entreprise Maisons du Monde a créé le projet « Good is Beautiful ». Ce mouvement vise à intégrer la RSE à la stratégie globale de l’entreprise en mettant l’accent sur la réduction de l’empreinte carbone, les engagements en matière de ressources humaines et le mécénat environnemental via Maisons du Monde Foundation.
La Fondation, créée en 2015 et devenue un fonds de dotation en 2021, se concentre sur deux axes majeurs : le soutien à des associations sur le terrain et des actions de sensibilisation du grand public. L’engagement en faveur de la préservation des arbres et de la lutte contre la déforestation est au cœur de cette initiative puisque les arbres sont eux-mêmes au cœur de l’activité de l’entreprise. « Se posait alors pour nous un double enjeu. D’une part, proposer des produits issus de forêts gérées durablement et, de ce fait, ne pas participer à la déforestation. D’autre part, redistribuer une partie de nos bénéfices à des associations qui agissent pour la préservation des arbres. » explique Rémi-Pierre Lapprend, Directeur RSE et Engagement de Maisons du Monde, ainsi que Directeur Général de Maisons du Monde Foundation, dans un article du site d’informations Make a Move publié début 2023.
Dans le cadre du mécénat environnemental, la Fondation soutient ainsi une trentaine d’associations sélectionnées par appels à projets, pour trois ans renouvelables, et travaillant sur des projets globaux visant à planter des arbres certes mais aussi à créer de nouvelles opportunités économiques pour les populations locales. « Le mécénat environnemental nécessite une implication sur le long terme » précise en effet Rémi-Pierre Lapprend.
Maisons du Monde Foundation a financé plus de 60 projets, représentant un investissement total de plus de 7 millions d’euros. En plus du soutien financier, l’organisation fournit des outils méthodologiques aux associations pour évaluer l’impact de leurs projets et encourage la collaboration entre différents mécènes pour maximiser l’effet positif. Des partenariats avec des marques bien connues ont ainsi permis de sensibiliser le grand public et de collecter plus de 2 millions d’euros depuis 2017 grâce à des micro-dons en caisse.
La Fondation s’efforce également de sensibiliser le grand public par le biais de partenariats avec des événements tels que le festival Welovegreen. De plus, les collaborateurs de Maisons du Monde sont impliqués à travers des Solidaritrips, des voyages solidaires visant à soutenir des projets à l’étranger et en France.
Si le mécénat environnemental est un moyen pour les entreprises de contribuer de manière significative à des initiatives environnementales, celles-ci doivent éviter le piège du greenwashing auquel elles peuvent être confrontées même en étant bien intentionnées. Le greenwashing se produit lorsque le discours environnemental d’une entreprise ne correspond pas à ses actions réelles, ce qui peut entraîner la perte de confiance des parties prenantes internes et externes. « Le mécénat ne peut et ne doit en aucun cas venir « compenser » les externalités négatives d’une entreprise sur l’environnement » peut-on ainsi lire dans un article du site d’informations Carenews consacré au sujet et publié en décembre 2023.
Pour éviter tout greenwashing lors de mécénat environnemental, plusieurs stratégies sont possibles. Tout d’abord, il est nécessaire de collaborer avec la société civile, en obtenant des avis sans parti pris et instructifs. Ils permettent ainsi d’éclairer l’entreprise sur des questions environnementales qui vont au-delà de son propre périmètre d’activité. L’article cite des organisations telles que Ecotone et le Geres : les « grands groupes ont besoin de cette intermédiation sociale pour mieux comprendre l’impact de leurs solutions, quand bien même leur visée première est favorable à la transition écologique. » précise-t-il.
Ensuite, l’intégration du mécénat environnemental dans un plan d’action global est recommandée. Cela passe par déterminer des objectifs audacieux en matière de RSE, la mise en place de mesures d’impact claires ainsi que l’établissement d’organes de contrôle indépendants pour évaluer les résultats.
Par ailleurs, il est souligné qu’une communication interne avant toute communication externe est cruciale. Sensibiliser les employés aux questions environnementales favorise la prise de conscience et influence les décisions de l’entreprise. « Une grande partie de l’effort que les entreprises font pour réduire leur impact environnemental se déroule en interne, il est donc logique de trouver la bonne articulation avant de chercher à exporter ses engagements. » précise encore l’article.
Enfin, il est important de collaborer avec d’autres mécènes pour maximiser l’impact des initiatives environnementales, et même avec d’autres acteurs comme les gouvernements, les ONG, les chercheurs et les citoyens. Le mécénat doit être engagé sur le long terme et perçu comme une initiative globale. « Nous sommes prêts à recevoir tous les acteurs souhaitant s’investir sur les sujets environnementaux. Partageons nos expériences, nos savoir-faire. Les solutions que nous devons trouver seront le fruit d’une réflexion commune à tous les acteurs » explique Karine Gavand, directrice France de la European Climate Foundation, dont les propos sont rapportés dans l’article de Carenews.