D’après un sondage, les français reconnaissent les conséquences du changement climatique sur leur quotidien et sont favorables à la mise en place de certaines mesures contraignantes. Cependant, ces derniers plébiscitent toujours autant le Black Friday, à l’impact écologique important. Le contexte économique difficile est en cause, mais de nouvelles façons de consommer émergent.
Un sondage réalisé par l’Ifop pour Intercommunalités de France et dont les résultats sont parus en octobre 2023 démontre qu’une majorité de français reconnaît l’impact futur du changement climatique sur son quotidien. « Les températures anormales, les canicules et les sécheresses de plus en plus fréquentes dans l’Hexagone ont sans doute joué un rôle dans la prise de conscience des effets du réchauffement climatique. Alors que 2023 s’annonce comme l’année la plus chaude jamais enregistrée , les français se sentent massivement concernés. » peut-on lire dans un article du journal Les Échos consacré au sujet.
85 % des français pensent ainsi que l’adaptation de la société est impérative et presque autant (82 %) considèrent que le changement climatique aura des conséquences directes sur leur quotidien dans la prochaine décennie. Face à cette prise de conscience, les habitants de l’Hexagone reconnaissent l’importance des politiques publiques qui doivent être mises en place puisque 67 % considèrent le programme environnemental des candidats aux prochaines élections locales comme étant déterminant. Ils se montrent même favorables à des mesures contraignantes telles que les restrictions d’eau en cas de pénurie, le « zéro artificialisation nette » et les « zones à faible émission » concernant les véhicules polluants dans les grandes agglomérations ; autant de mesures impopulaires soutenues par respectivement 85, 87 et 62 % des sondés.
En revanche, il existe une disparité entre l’opinion et la réalité : « il faut sans doute apporter un gros bémol à ce sondage : entre une adhésion de principe à une mesure, et son acceptation lors de sa mise en place, il peut y avoir un gouffre. Les élus locaux le savent bien » explique le directeur du département opinion de l’Ifop, Jérôme Fourquet, au journal Les Échos, en évoquant la taxe carbone qui a déclenché le mouvement des gilets jaunes.
En outre, 71 % des français souhaitent participer cette année au Black Friday, le vendredi 24 novembre 2023, comme l’indique deux jours avant l’événement commercial Gilles Wybo, directeur de la rédaction du site d’information Stratégies. « Il y a donc une incohérence complète entre cette prise de conscience écologique et le Black Friday » affirme de son côté Guillaume Balas, délégué général du réseau Envie, dans un article du magazine Géo paru le 20 novembre.
En effet, les conséquences écologiques de cette période d’offres commerciales alléchantes visant à inciter les consommateurs à effectuer des achats anticipés pour les fêtes de fin d’année sont nombreuses : surproduction, augmentation de l’empreinte carbone due à une extraction accrue de matières premières, coût environnemental de la publicité, génération de déchets une fois que les consommateurs décident de se débarrasser d’articles achetés à prix réduit qu’ils jugent finalement inutiles.
Ainsi, « pour le Black Friday, les français sacrifient la RSE » analyse Gilles Wybo, dans l’article du site d’information Stratégies avant de préciser : « dans un contexte de budget serré après des mois d’inflation forte, les français attendent l’événement avec encore plus d’impatience en 2023. » La réalité économique a donc raison des engagements de principe et l’inflation sert ainsi les intérêts du Black Friday, comme le souligne Guillaume Balas. Car la question écologique est intimement liée à la question économique. C’est notamment la raison pour laquelle les résultats du sondage de l’Ifop montrent également le fait que les français comptent sur l’État pour soutenir financièrement leur transition énergétique. Les deux tiers des répondants préconisent en effet des aides pour tous les ménages.
Néanmoins, un sondage OpinionWay précise qu’un français sur trois se reconnaît dans le Green Friday, une alternative au Black Friday, qui prône notamment le reconditionné plutôt que les produits neufs. Moins chers, ces articles sont aussi souvent rénovés par des entreprises qui ont des politiques RSE avancées, tant sur des sujets écologiques que sociaux. « Beaucoup d’entreprises qui font du reconditionnement sont – et ce n’est pas un hasard – des entreprises d’insertion pour des personnes éloignées de l’emploi. Ce sont par ailleurs des entreprises qui ne rémunèrent pas d’actionnaires. On peut aujourd’hui tout à fait gagner de l’argent et le réinvestir au profit d’actions sociales et écologiques. » conclut Guillaume Balas.