Les 12 et 13 septembre 2023 a eu lieu le salon Produrable, un évènement dédié à l’économie durable, consacré cette année au thème de la culture et qui a eu notamment pour objectif de mettre en avant des solutions innovantes destinées aux entreprises. Cependant, certains spécialistes regrettent l’absence de hauts dirigeants venus présenter la place de la RSE dans leur stratégie.
La 16ème édition du salon Produrable s’est tenue les 12 et 13 septembre 2023 à Paris. Depuis 2007, Produrable est le principal rassemblement européen dédié à l’économie durable, soutenu par le Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires. Le salon réunit chaque année 10 000 visiteurs, 250 exposants, 650 intervenants, plus de 240 conférences sur 12 thématiques différentes, et près de 55 000 acteurs du changement. Cette année, le thème central était la culture : « Nous savons comment réduire les émissions de gaz à effet de serre(…). Mais notre culture et nos valeurs nous empêchent d’utiliser ce que nous savons. La question climatique relève moins d’un enjeu technologique que d’un enjeu culturel. » explique le scientifique et physicien Dennis Meadows, dont les propos ont été mis en exergue dans un article du site d’information L’info durable consacré à l’événement.
Un consensus émerge ainsi parmi les experts : pour lutter contre la crise climatique, il faut non seulement développer des solutions, mais aussi changer nos valeurs, comportements et modes de vie. C’est donc un bouleversement culturel nécessaire pour bâtir une société plus responsable envers l’environnement, la biodiversité et l’humanité.
Le salon Produrable a également été l’occasion de mettre en avant des solutions innovantes destinées aux
entreprises, relayées dans un article du site d’information Carenews. Par exemple, l’entreprise Les Nouveaux Géants offre des formations pour les salariés afin de les ensibiliser à des pratiques écologiques dans l’exercice de leur métier. Les formations couvrent divers domaines tels que la finance, la communication et les nouvelles technologies. En plus de l’apprentissage technique, elles intègrent des éléments de développement personnel pour aider les employés à gérer l’éco-anxiété et du coaching hebdomadaire.
De son côté, Biodiversit’up se concentre sur la réintégration de la biodiversité au sein des entreprises. Elle offre des services de conseil environnemental pour identifier et accueillir la faune sauvage sur les sites des entreprises et permettre la cohabitation. Biodiversit’up propose notamment l’installation de nichoirs à oiseaux et d’abris pour les petits mammifères, ainsi que des activités de sensibilisation pour les employés. Enfin, spécialisée dans la distribution alimentaire, Beesk se distingue en proposant des produits qui ont
été écartés des circuits de distribution classique avant d’arriver en magasin. Cette approche s’inscrit dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, puisque plus de la moitié du gaspillage se produit en amont de la distribution. Beesk fournit une variété de produits, notamment des fruits, des légumes et de la viande à des entreprises, des écoles et des collectivités.
Le salon a rassemblé des leaders de la RSE et des voix influentes de la déconstruction économique tels que Cyril Dion et Timothée Parrique. « Avec ses milliers de visiteurs, le Salon Produrable donnait l’impression d’un mouvement en marche, celui d’une RSE à l’assaut des entreprises traditionnelles. Pourtant, celles-ci étaient en fait très absentes, ce qui contribue à creuser le fossé entre dirigeants et salariés sur la transformation durable des modèles actuels » regrette Anne-Catherine Husson-Traore, directrice des publications du site d’information Novethic, dans un article publié quelques jours après l’événement. Ainsi, parmi les 10 000 visiteurs, la plupart avait déjà participé à un atelier de La fresque du climat, un jeu de cartes d’environ trois heures, à réaliser en équipe, créé par Cédric Ringenbach. Le jeu permet de comprendre les tenants et aboutissants du dérèglement climatique et laisse rarement de marbre les participants qui sortent chamboulés de cette expérience ludique. Ce constat démontre la popularité croissante de ce type d’initiatives dans les entreprises. Cependant, bien que de nombreuses grandes entreprises aient fait participer leurs employés à ces ateliers, cela n’a pas nécessairement entraîné un changement majeur dans leur stratégie d’entreprise. « Nous avons aussi de temps en temps des dirigeants que cela influence, mais c’est plutôt rare, tout comme leur participation » confie ainsi un animateur de La
fresque du climat à Novethic.
En effet, la RSE reste souvent cantonnée à une compétence spécialisée plutôt qu’à un pilier stratégique, et elle peine à influencer les décisions au plus haut niveau des entreprises. « Apanage de spécialistes, elle a bien du mal à percer le plafond de verre qui l’éloigne de la sphère du conseil d’administration (…). Si dans les débats, des directeurs et directrices de développement durable d’entreprises comme Nestlé, Bouygues, Lagardère ou L’Oréal étaient bien présents, pas de têtes d’affiches, de dirigeants de premier
plan venus expliquer à ces audiences convaincues comment ils mettent la RSE au cœur de leur stratégie » peut-on ainsi encore lire dans l’article de Novethic.
Malgré l’intégration de critères liés à la RSE dans la rémunération des dirigeants de nombreuses grandes entreprises européennes, ceux-ci ne semblent pas toujours suffisamment discriminants pour influencer significativement les performances environnementales des entreprises. La RSE progresse, notamment via des salons comme Produrable mais, selon le site d’information Novethic, elle est souvent considérée comme réservée aux initiés et n’a pas encore atteint une adoption généralisée au sein des organisations plus généralistes comme l’Université d’été du Medef ou les salons professionnels par secteur.