Le Green Deal européen contient une série de propositions présentées par la Commission européenne en 2019 visant à rendre l’Europe neutre en matière d’émissions de gaz à effet de serre avant 2050. Afin d’aboutir, les textes doivent être adoptés sans tarder. Or, des désaccords, notamment sur le volet nature, viennent mettre en péril l’ensemble du Pacte vert européen.
La Commission européenne a présenté fin 2019 le Green Deal européen, ou Pacte vert européen, contenant une série de propositions visant à rendre l’Europe neutre en matière d’émissions de gaz à effet de serre avant 2050, et à réformer en conséquence les politiques actuelles de l’Union européenne en matière de climat, d’énergie, de transport et de fiscalité. Une analyse réalisée par le think tank Strategic Perspectives, publiée le 16 mai 2023, met en exergue les avantages qu’engendrera le Green Deal à court terme.
Selon Strategic Perspectives, si les lois européennes sur le climat sont correctement mises en œuvre, le Green Deal apportera d’abord une plus grande sécurité énergétique. Le rapport rédigé par le think tank affirme que d’ici 2030, 55 % de l’électricité proviendra de l’éolien et du solaire, 29 millions de voitures particulières électriques circuleront sur les routes européennes et 58 millions de pompes à chaleur seront installées. Le recours aux énergies renouvelables, combiné aux économies d’énergie et à l’électrification des transports, du chauffage et de l’industrie, réduira la consommation de gaz de 31 % et la consommation de pétrole de 34 % en 2030 par rapport à 2019. Le charbon devrait être éliminé d’ici 2030 car il ne sera plus compétitif.
Toujours selon le think tank, le Green Deal sera avantageux pour les entreprises et les ménages. Le remplacement du gaz, du charbon et du pétrole, qui engendrent de l’inflation en Europe, par des énergies renouvelables, économes en énergie et bon marché, « peut offrir un avantage concurrentiel aux entreprises européennes et une protection contre la crise du coût de la vie pour les ménages », même si cela bénéficiera surtout aux ménages les moins modestes, lit-on dans un article rédigé par Strategic Perspectives. Il est donc essentiel d’axer la priorité des gouvernements vers la mise en place d’une transition plus abordable. En tout cas, 447 000 emplois dans les énergies renouvelables, la rénovation de bâtiments et la fabrication de technologies propres devraient être créés en quelques années seulement.
Une condition demeure néanmoins pour voir aboutir les ambitions portées par le Green Deal : adopter, sans retard, les textes réglementaires inhérents au pacte européen. Or, parmi les députés européens, le projet ne fait pas l’unanimité.
Le volet nature du Green Deal par exemple est contesté par la droite et l’extrême-droite qui redoutent les conséquences sur la production alimentaire et le coût de la vie. Le vote sur la loi de restauration de la nature visant à restaurer 30 % des écosystèmes terrestres et marins dégradés d’ici 2030 et l’extension de zones à haute diversité, s’inscrivant dans le cadre de la COP15 Biodiversité, devait avoir lieu le 15 juin 2023 en commission Environnement du Parlement. Or, celui-ci a été reporté. Il a déjà été rejeté en Commissions Agriculture et Pêche fin mai. Le vote au sein de la Commission Environnement est donc primordial afin que le texte puisse être discuté en séance plénière.
Le vote est reporté au 27 juin 2023 mais les députés écologistes s’inquiètent : « Le vote du 27 juin sera également extrêmement serré. Le blocage de ce matin constitue une attaque en règle contre le climat, la nature, les paysannes et les paysans, et notre avenir. La guerre contre la nature continue à Bruxelles. En plein effondrement accéléré de la biodiversité, c’est purement criminel, c’est la biodiversité qu’on assassine ! » affirme l’eurodéputée verte Marie Toussaint au site d’information Novethic, dans un article publié le 16 juin dernier.
Si ce texte n’est pas voté avant les élections européennes de 2024, c’est l’ensemble du Green deal qui est menacé. « Retarder l’adoption de ce texte à une date ultérieure risquerait de conduire à l’abandon de ce projet » explique ainsi à Novethic Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement. Et pourtant, comme le précise le site d’information, le texte est également soutenu par plus de 3300 scientifiques et 50 entreprises dont Ikea et Nestlé.