Le sixième rapport d’évaluation du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui vient d’être publié, alerte sans détour sur l’urgence climatique. Des solutions existent mais doivent être mises en place dès que possible, notamment par les entreprises.
« La synthèse du 6e rapport d’évaluation du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ne laisse planer aucun doute sur l’urgence climatique face à laquelle nous nous trouvons. Il est temps d’agir, nous n’avons pas d’autre choix. » peut-on lire dans un article du site d’information Novethic publié en mars 2023.
En effet, le dernier rapport du Giec, publié après huit années de travail, met en exergue plusieurs informations capitales. Premièrement, « les années les plus chaudes que nous avons vécues jusqu’à présent seront parmi les plus fraîches d’ici une génération ». Cela signifie que les enfants d’aujourd’hui n’auront pas la possibilité de connaître les mêmes conditions climatiques que les générations de leurs parents et grands-parents, même dans les scénarios les plus optimistes. Cette hausse de température dépend de nos décisions actuelles. Pourtant, les actions réalisées restent minimes. « Selon les estimations du Giec, la trajectoire de réchauffement se situe autour de 3,5°C d’ici 2100, avec une marge d’erreur comprise entre 2,2°C et 3,5°C en fonction des politiques publiques mises en place. Ce qui est largement insuffisant. » peut-on lire dans l’article de Novethic.
C’est donc bien loin de l’objectif de l’Accord de Paris, soit 1,5°C, qui pourrait être dépassé dès 2030 si nous continuons à émettre la même quantité de gaz à effet de serre. « La fenêtre d’opportunité pour sécuriser un futur vivable et soutenable pour tous se ferme rapidement » prévient le rapport du Giec, signifiant ainsi qu’il n’est plus concevable d’ouvrir des sites de production d’énergies fossiles. Dès lors, le prochain objectif à atteindre doit être au plus proche de 1,5°C car une différence de 0,5°C est considérable. Le risque le plus important est d’engendrer des changements qui ne pourront pas être annulés.
Heureusement, des solutions, peu coûteuses, existent. Celles-ci doivent cependant être mises en place dès que possible. « Parmi les solutions présentant le plus important potentiel de réduction des émissions avec des bénéfices excédant le coût de mise en place, on trouve sans surprise le solaire et l’éolien, puis dans une moindre mesure la réduction du méthane dans l’industrie des énergies fossiles. Loin derrière viennent le nucléaire, la géothermie, la bioénergie (biomasse, biogaz, biocarburants) et le captage et stockage de CO2. Le message est donc clair : il faut accélérer le déploiement des énergies renouvelables. » explique le site d’information Novethic.
A l’issu de la publication du rapport du Giec, des spécialistes invitent les gouvernances des entreprises à s’emparer du sujet, notamment en matière d’émission de gaz à effet de serre. Or, « cette demande légitime des actionnaires et des salariés, au titre du risque social qu’ils acceptent de courir, se heurtent le plus souvent à des réponses qu’ils jugent insatisfaisantes en ce qu’elles ne leur permettraient pas d’évaluer la pertinence des plans réels ou supposés. Il en résulte une défiance croissante chez les actionnaires vis-à-vis de la gouvernance des entreprises, notamment sur la faculté réelle de celle-ci à se saisir pleinement du sujet climatique. » écrivent Caroline Ruellan et Hugues de Saint Pierre dans un article du magazine économique Forbes publié le 30 mars 2023, invitant les administrateurs à se former.
Car, il est illusoire de mettre en place une stratégie pour maximiser les bénéfices tout en tentant de baisser les émissions carbone. C’est la stratégie globale qui doit être modifiée, et donc la vision à long terme de l’entreprise. « Beaucoup voient encore trop souvent la lutte contre le changement climatique comme une contrainte. Un levier très important, c’est la trajectoire. Il faut démontrer comment un objectif qui apparaît vague à moyen et long terme peut se décliner en objectifs plus immédiats qui peuvent créer un vrai projet entrepreneurial. » explique ainsi lors de la publication du rapport du Giec le chercheur et politologue François Gemenne dans un article du site d’information ToulEco. L’objectif de l’entreprise de demain doit donc être étudié d’un point de vue qualitatif, et non plus quantitatif, en y incluant pleinement les principes de la RSE.
Cet objectif implique d’évincer l’utilisation des énergies fossiles, sur laquelle est fondée notre économie et plus généralement l’ensemble de notre société. Les activités les plus émettrices et les plus polluantes doivent donc être abandonnées. Certains secteurs, tels que l’aéronautique, seront plus impactés que d’autres. Il convient ainsi de repenser chaque secteur, au niveau de l’économie, de l’innovation, des usages, etc. « La question du récit est très importante. il faut savoir ce que l’on veut. Faut-il définir la croissance uniquement en termes de chiffre d’affaires, de PIB, de coûts et des bénéfices ? Ou décide-t-on de prendre davantage en compte le bien-être social et environnemental ? La notion de progrès, par exemple, au lieu de la définir « en plus », il faut la définir « en mieux ». » précise François Gemenne.