Les entreprises engagées dans des problématiques RSE font face à des assurances de plus en plus rares et de plus en plus onéreuses. Elles qui contribuent au développement durable acceptent d’autant moins ce constat. De leur côté, les assureurs expliquent cette situation par la conjoncture mais aussi par le manque de précaution de certaines entreprises face à l’imprévisibilité du changement climatique. A terme en tout cas, les garanties des assureurs pourraient être conditionnées aux niveaux de la performance environnementale ou sociale des entreprises.
Les entreprises qui s’engagent sur les sujets RSE rencontrent une problématique de taille inhérente aux assurances. Elles ont en effet souvent des difficultés à trouver un organisme qui accepte de les assurer. C’est notamment le cas dans les industries du bois : « 3 à 5 % des adhérents n’ont plus d’assurance incendie et 30 % paient très cher pour une couverture réduite. C’est incompréhensible car le taux de sinistralité dans la filière est inchangé. Or, son essor est stratégique pour la transition énergétique mais il est menacé par une politique globale de déréférencement des compagnies d’assurance » explique Nicolas Douzain-Didier, délégué général de la Fédération nationale du bois (FNB), dans un article du journal l’Opinion paru le 31 mai 2022.
Cette problématique se retrouve aussi dans les entreprises de traitement des déchets ou de transports publics. Les équipements du secteur des énergies renouvelables, qui représentent donc une solution face à l’urgence climatique, sont le plus souvent plus coûteux et plus complexes. Les assurances que ces équipements nécessitent sont malheureusement onéreuses et rares, limitant ainsi leur déploiement ou leur utilisation. Pourtant, les fédérations des secteurs concernés affirment que les risques sont connus, analysés, et que la prévention est largement mise en œuvre en amont. Les entreprises ne comprennent donc pas pourquoi elles doivent subir cette situation alors qu’elles contribuent au développement durable.
Mais justement, il semblerait que cet argument ne soit pas valable aux yeux des assureurs : « Il faut aussi donner des gages aux assureurs sur son profil de risque » peut-on lire dans l’article du journal l’Opinion. Car l’incertitude climatique associée à des phénomènes météorologiques plus intenses et fréquents amplifie le risque potentiel et sa récurrence, qui plus est dans des secteurs où le nombre de travailleurs et de matériels impactés est grand. La connaissance des risques et leur prévention ne seraient donc plus des gages suffisants parce qu’ils n’engendrent pas nécessairement la maîtrise du risque en question. Au minimum, les efforts réalisés pour le maîtriser ou le prévenir doivent être suffisamment importants pour contenter les assureurs.
En outre, les prix des assurances, qui ont baissé pendant une quinzaine d’années, se sont mis à augmenter à nouveau depuis 2018. « Corollaire de l’augmentation des tarifs, les capacités en assurance ont diminué. Le problème est que des acteurs industriels traditionnellement mal notés ont alors fait face à des difficultés anormales pour couvrir leurs risques. » explique Gilles Bénéplanc, directeur général du groupe Adelaïde, propriétaire du courtier en assurances d’entreprises Verlingue et du courtier gestionnaire en frais de santé et prévoyance Génération, dans un second article du journal l’Opinion paru le 31 mai 2022.
Les assureurs rappellent qu’ils agissent en collaboration avec les entreprises. En conséquence, leur rôle sur les problématiques RSE est important. Il permet aux entreprises de mieux gérer les risques auxquels elles font potentiellement face par des actions de prévention mais aussi par une plus grande connaissance de ces risques qui limitera pertes matérielles et humaines.
« Notre ambition est d’être un champion de la durabilité toutes catégories. Nous analysons nos clients à l’aune de leur type d’activités, de leurs pratiques avec leurs parties prenantes, de leurs émissions de carbone, de leur capacité à s’inscrire dans une économie circulaire, de la transparence de leurs processus ou de leur politique de prévention des risques psychosociaux. (…) Le mérite de cette approche est de susciter un dialogue extrêmement fructueux avec les entreprises. Nous nous engageons ensemble dans une démarche vertueuse qui aligne les intérêts de chacun.» explique ainsi Jean-Laurent Granier, PDG de Generali France.
« A l’avenir, les garanties des assureurs pourraient être conditionnées aux niveaux de performance environnementale ou sociale des entreprises » précise François Garreau, spécialiste de la RSE auprès du comité de direction de Generali France le 1er juin sur son compte Twitter.