Les directeurs et directrices des ressources humaines (DRH) accordent, selon une récente étude, beaucoup plus d’importance aux politiques RSE qu’auparavant. L’épidémie de Covid-19 est notamment la cause de cette évolution de leurs préoccupations. Certes, la performance économique de l’entreprise reste leur priorité mais les DRH ont désormais à cœur de répondre aux exigences des salariés et candidats qui réclament un engagement concret de la part des entreprises. Ainsi, la fonction des DRH est redéfinie et intègre dès lors une dimension sociale considérable.
WTW, ABV Group et RH&M ont récemment réalisé un sondage auprès de 141 DRH d’entreprises et industries de toutes tailles et secteurs : le Baromètre des DRH. On y découvre que la RSE est désormais à la 3ème place des préoccupations des DRH alors qu’elle était à la 17ème place en 2017. « Ce résultat en soi n’est pas une surprise. Il est à la fois une tendance et une confirmation de ce que nous observions dans nos différentes études, ces dernières années. Ce qui nous a surpris c’est son amplitude. » raconte Laurent Termignon, directeur de l’activité Work & Rewards chez WTW, cabinet de conseil, de courtage et de solutions logicielles, dans un article de FocusRH publié le 3 mai 2022. Les sujets qui interpellent les DRH sont d’abord la qualité de vie au travail et le bien-être des collaborateurs car ils sont 87% à déclarer se mobiliser pour cette thématique. Viennent ensuite l’égalité professionnelle femmes-hommes (83%) puis la non-discrimination au travail (69%). Ces deux thématiques ont fortement progressé en un an. Enfin, les DRH s’intéressent de plus en plus à la réduction de l’empreinte carbone (57%). Cette thématique arrive en quatrième position, une progression considérable qui traduit l’importance du développement durable dans les politiques RSE.
« Le fait de redéfinir l’ordre de leurs priorités en 2022 marque chez les DRH une nouvelle attitude qui fait écho à ce qui se passe dans la société civile : évolution des valeurs, perception du travail, transformation écologique. » explique Laurent Termignon. La cause ? L’épidémie de Covid-19 qui a fait évoluer la fonction RH et modifié le fonctionnement des entreprises. Car, après cette période où les employés ont connu une organisation hybride de leurs activités, leurs attentes ont changé. Après le confinement, certains salariés ont rapidement souhaité revenir. D’autres, à l’inverse, voulaient rester à temps complet en télétravail. Or, ce qui s’appliquait pendant le confinement n’est pas forcément valable deux ans après. C’est la raison pour laquelle certains salariés ont mal vécu la reprise. « La priorité a donc été de mesurer l’engagement des salariés dans un contexte de fin de la crise sanitaire. Aujourd’hui, alors que les tensions sur le marché de l’emploi se font sentir, l’engagement et la fidélisation des collaborateurs devient la première priorité de la politique de gestion des talents des DRH (88%) » ajoute Laurent Termignon.
L’étude révèle de manière évidente que la croissance du chiffre d’affaires demeure la priorité des DRH, qui sont 53 % à déclarer vouloir répondre avant tout aux commandes de leurs clients. Mais ces derniers n’oublient pas pour autant la nécessité de recruter de nouveaux talents et de fidéliser les salariés déjà en poste. Or, les salariés et les futurs candidats sont de plus en plus sensibles aux thématiques RSE dans leur choix de carrière. Ils attachent beaucoup d’importance à l’engagement concret des entreprises et plus seulement aux valeurs que l’entreprise met en avant dans son image de marque. « Ce qui les intéressent ce n’est pas le discours : ils veulent s’assurer de la mise en œuvre des actes. Avec les réseaux sociaux, il est facile d’en apprendre beaucoup sur les entreprises, d’où l’importance d’éviter les couacs susceptibles de donner une mauvaise image. Cette notion extérieure est de plus en plus importante. Elle est à la fois un levier pour attirer et fidéliser. Autant de sujets qui poussent les entreprises à repenser leurs stratégies RH autour de l’expérience salarié. » conclue Laurent Termignon.
Constant Calvo rappelle sur son compte Twitter le 16 mai 2022 que « la performance RH peut être mesurée à travers les 4 missions principales de la direction des ressources humaines (DRH) : être un partenaire stratégique, un expert administratif, un champion des salariés, un acteur du changement. » Dans un article de son blog, cet expert en RSE explique notamment que ces 4 missions permettent de répondre aux attentes de l’ensemble des salariés mais aussi plus spécifiquement des managers et des dirigeants de l’entreprise.
Ainsi, le rôle du DRH va plus loin que le simple objectif de recruter et de s’assurer des compétences des salariés pour répondre aux stratégies notamment financières de l’entreprise. L’expert explique en effet que la direction des ressources humaines « contribue à l’émergence de nouveaux modèles et de nouvelles normes de gestion comme le management par la RSE. La notion de responsabilité sociale traduit la volonté de faire assumer à l’entreprise les conséquences de ses actes vis-à-vis des parties prenantes. Elle va au-delà du respect des obligations légales et réglementaires pour engager l’entreprise dans de nouvelles formes de régulation visant à intégrer la dimension sociale de la mondialisation. » Il est donc essentiel pour les DRH de savoir concilier performance financière et dimension sociale. Favoriser le bien-être des salariés, la communication, la créativité sur le long terme est une nécessité.