Après une carrière de manager dans différents grands groupes médias, Gaël Chatelain-Berry est aujourd’hui conférencier et écrivain. Il est également le créateur du podcast “Happy Work”, le plus grand podcast indépendant francophone au sujet du bien-être au travail.
Après avoir fait une grande école de commerce, j’ai commencé ma carrière en tant que directeur commercial. Je suis ensuite devenu directeur général puis membre du COMEX. C’est en encadrant des managers que je me suis rendu compte que la qualité du management était extrêmement basse. A mon échelle, avec mes équipes j’arrivais à changer cela. Et puis j’ai voulu être indépendant. Je me suis alors dit qu’il fallait que je change cela de façon plus large, plus globale.
Je me suis spécifiquement intéressé au bien-être parce que la France est numéro 2 mondial du burn-out, derrière le Japon. Ce sont plus de 10% de salariés français qui sont en burn-out actuellement, soit 2,5 millions d’actifs. Je pense donc qu’il y a des choses à faire. Ce n’est pas une fatalité, mais il faut réagir et j’essaye de faire réagir les gens.
Oui, de plus en plus, parce qu’elles n’ont pas le choix. Si elles ne le font pas, les gens démissionnent. En effet, le niveau de tolérance des salariés est de plus en plus bas face à un management de faible qualité ou à un mauvais bien-être au travail. C’est assez cynique, mais si les entreprises veulent attirer les talents et les garder, elles sont obligées de les intéresser. Comme le disait ma grand-mère : « on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ». Il faut donc avoir un bon cadre de management et de travail. Qui voudrait travailler dans une entreprise qui le fait souffrir ? Personne.
La RSE est totalement liée au bien-être au travail. Le bien-être au travail concerne absolument tout : le physique, le psychologique, le philosophique…
Plus une entreprise donne envie aux gens de venir travailler spécifiquement pour elle et plus elle aura réussi sa mission. Plus la personne sera fidèle, créative et impliquée, moins elle sera absente…
Un détail important quand on sait que la France est numéro 2 de l’absentéisme en Europe. Et ça coûte 108 milliards d’euros par an ! Ces problématiques sont liées à l’économie et les entreprises commencent à le réaliser. Il est dans leur intérêt de s’occuper de ce genre de choses. Mais nous sommes très en retard.
La conjoncture actuelle fait que les salariés ont l’opportunité de changer facilement d’emploi et ils n’hésitent pas à le faire. Au fur et à mesure que le chômage baisse, le niveau d’exigence des salariés vis-à-vis de leurs entreprises augmente. Ce sont vraiment deux courbes qui se croisent. Et plus le chômage se rabat, plus il sera difficile de recruter pour les entreprises.
Et c’est tant mieux, je me réjouis que le pouvoir change de côté. Les entreprises s’intéressent au bien-être au travail parce qu’elles savent que si elles ne s’en occupent pas, personne ne viendra travailler pour elles.
Sur le sens oui, sans aucun doute. Pendant le premier confinement beaucoup de personnes ont cru mourir. La vie est la chose la plus importante, pas le travail. Et avec la crise sanitaire, on a remis l’essentiel au cœur de nos vies. Le premier confinement a donc été un grand traumatisme pour beaucoup, mais aussi une grande prise de conscience au niveau des sociétés.
Le premier, c’est la formation des managers. Il faut former les managers à manager. Ça semble bête, mais c’est pourtant urgent.
Je pense qu’il faut que ce soit cohérent avec les métiers de l’entreprise, que cela fasse sens. Et ensuite que les managers et les équipes soient impliqués. Que ce ne soit pas seulement une décision au niveau du comité exécutif et de l’affichage sur le site internet pour faire joli. Il faut qu’il y ait vraiment une implication. Certaines entreprises le font en libérant notamment du temps de travail payé pour que les salariés puissent s’impliquer dans une cause défendue par l’entreprise.