A la demande de la Macif et du think tank Fondation Jean-Jaurès, l’institut BVA a réalisé à la fin de l’année 2021 une enquête sur le rapport qu’entretiennent les jeunes avec le monde de l’entreprise. Ces derniers ont une vision bien précise de ce qu’ils souhaitent, calquée sur leurs valeurs et leurs engagements. Néanmoins, les aspirations de la nouvelle génération ne diffèrent pas toujours de celles de leurs aînés, à l’instar de leurs exigences en matière de rémunération, de stabilité et de reconnaissance.
La nouvelle génération a de très fortes attentes vis-à-vis des entreprises sur tous les sujets qui concernent la RSE. Que ce soit l’égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre le réchauffement climatique ou encore le combat contre le racisme, de nombreux jeunes s’engagent personnellement dans leur vie extra-professionnelle. Exigeants sur ces sujets, ils s’attendent à ce que cette même exigence soit partagée par leur employeur.
Parmi les 1000 jeunes interrogés dans le cadre de cette étude, un quart exige de leur futur employeur qu’il ne collabore pas avec des fournisseurs qui ne respecteraient pas les engagements écologiques et sociétaux que l’entreprise prône. Ils sont tout aussi nombreux à souhaiter un engagement de leur entreprise contre le racisme, les discriminations, les inégalités entre les sexes et les genres ainsi que dans la lutte contre le réchauffement climatique. Néanmoins, le comportement de la nouvelle génération en entreprise ne se résume pas qu’à leur éthique et les attentes de cette dernière sont bien plus nuancées qu’il n’y paraît.
La notion de quête de sens semble définir à elle seule le rapport que les jeunes entretiennent aujourd’hui avec le monde de l’entreprise. Mais, parce que nouvelle et très marquée, cette notion évince d’autres caractéristiques, pourtant tout aussi importantes et beaucoup moins novatrices. Ainsi, l’enquête révèle que presque la moitié des jeunes interrogés (43%) souhaite avant tout occuper un poste avec une rémunération importante, à l’instar des générations précédentes.
« Le contexte économique les a rendus plus stratèges dans leurs façons de gérer leur avenir, alors qu’on disait beaucoup de la jeune génération qu’elle aimait multiplier les expériences professionnelles. (…) Cette envie de stabilité et de sécurité – gage de sérénité -, est probablement le produit de la crise sanitaire. » explique Jérémie Peltier, Directeur du secteur Études de la Fondation Jean-Jaurès, dans une interview publiée sur le site d’information Usbek&Rika le 15 mars 2022. En effet, 28 % des jeunes interrogés affirment vouloir rester « autant que possible » dans leur entreprise actuelle.
Autre point étonnant pour des « digital natives », alors que le fonctionnement nouveau et flexible du télétravail aurait pu attirer la nouvelle génération, ils ne sont que 12 % à vouloir travailler de leur domicile à temps complet. En revanche, ils sont nombreux (42%) à vouloir télé-travailler seulement de temps à autre.
« La perspective du « 100 % télétravail » provoque des réactions mitigées au sein de la jeune génération : peu seraient prêts à accepter un emploi qui n’offre pas la possibilité de se retrouver dans des locaux. Pour la « Gen Z », le lien social reste important et le travail ne peut pas se passer d’interactions. » analyse Patrick Barazzoni, spécialiste des ressources humaines, dans un article du Journal du Net du 5 avril 2022.
Si le télétravail n’attire pas forcément les jeunes diplômés, c’est aussi qu’ils attendent beaucoup de leur lieu de travail. Ainsi, l’enquête révèle que c’est d’abord dans une entreprise locale puis dans une start-up que ces derniers aimeraient travailler, avec respectivement 40 % et 26 % des réponses. Les grandes entreprises, perçues comme impersonnelles, n’ont plus la cote.
« Pour moi, ça traduit deux choses : les jeunes sont à la recherche d’une entreprise beaucoup plus à taille humaine, où tout le monde se « connaît », où l’on ne serait pas obligés de passer par dix strates de validation avant d’avoir le droit de faire quelque chose. Par ailleurs, et cela y fait écho, pendant la crise, on a beaucoup parlé de la revalorisation de la famille, du cocon. Nous voyons dans ce baromètre que les jeunes recherchent maintenant un cocon dans l’entreprise » analyse Jérémie Peltier.
Enfin, à l’instar des précédentes générations, les jeunes diplômés ont un besoin important d’être valorisés dans les tâches qu’ils réalisent ainsi que dans le statut qu’ils occupent. Cette spécificité, très française, pousse la nouvelle génération à rechercher sans cesse l’acquisition de nouvelles compétences afin de valoriser leur parcours.
« Les jeunes souhaitent également être valorisés pour leurs expériences – même si elles sont parfois modestes à leur âge – et la cohérence de leur parcours. Ils considèrent d’ailleurs que le manque d’expérience est leur principal obstacle, devant le risque de discrimination qu’ils pourraient subir. » conclue Patrick Barazzoni.