Samuel Durand explore le « Future of Work » et diffuse ses apprentissages sous différentes formes. Il est ainsi intervenant en entreprise, rédacteur d’une newsletter bimensuelle « Le Billet du Futur » et producteur des documentaires « Work in Progress » (2021) et « Why do we even work? » (2022). Il a également écrit la BD « Et si on travaillait autrement » (Editions Eyrolles) pour parler du Future of Work aux plus jeunes.
J’ai l’impression que les bouleversements ont donné l’occasion à chacun de se pencher sur ce que le travail représentait pour soi. Avant la crise on ne se posait pas tellement la question du sens de ce qu’on faisait, on allait au boulot, on prenait un salaire. Mais en étant à la maison sur des périodes prolongées, beaucoup ont découvert le télétravail et donc un rapport au temps et au lieu de travail modifié. On s’est tous questionnés sur l’utilité de son activité à travers les termes de métiers essentiels et non essentiels posés par le gouvernement. Bref, on s’est posés des questions, qui ont parfois donné lieu à des changements de postes, des réorientations, des changements d’organisation au sein d’un même job, avec l’idée commune que le travail n’est pas qu’un simple gagne-pain, qu’il doit apporter plus qu’un salaire : lien social, reconnaissance, apprentissage, sentiment d’utilité, accomplissement de soi…
Ce faisant, c’est l’accélération d’un phénomène qui avait déjà démarré avant la crise sanitaire, le retournement du marché où ce ne sont plus les candidats qui se battent pour un poste mais les entreprises qui se battent pour les candidats de plus en plus exigeants.
Difficile de faire des généralités, certaines se sont véritablement posé les bonnes questions et ont accepté de revoir leurs pratiques pour aller vers plus de transparence, une meilleure autonomie des collaborateurs, elles ont pris le temps de véritablement s’intéresser à leurs attentes pour transformer l’organisation. D’autres sont dépassées et ne cherchent qu’à tirer leur épingle du jeu dans ce qu’elles qualifient de guerre des talents et sont plutôt dans une forme de fuite en avant pour faire rayonner la marque employeur en tentant de combler les nouvelles attentes perçues des candidats…
Derrière l’envie de télétravail, c’est l’envie d’autonomie, l’envie de confiance, la capacité à articuler sa vie perso avec sa vie pro et non pas en fonction de sa vie pro.
Mais ça ne suffit pas, déjà parce que c’est limité à une certaine catégorie de travailleurs, et parce que parmi tous les métiers qui pourraient exercer complètement à distance, tout le monde ne souhaite pas en bénéficier. Ce qui est demandé universellement en revanche c’est une meilleure reconnaissance pour le travail fourni, une meilleure capacité à voir l’impact de son travail sur le projet / l’entreprise, une réduction de la pénibilité, un ambiance détendue qui permet d’être soi-même…
Il reste énormément de changement à mener car la transformation du travail est continue, on ne s’arrête jamais réellement. La première chose à faire aujourd’hui est d’arriver à ancrer les transformations découvertes avec la crise dans des pratiques à long terme et de faire émerger un consensus sur leurs applications.