Aujourd’hui, les entreprises ne peuvent plus se permettre de mettre en place quelques mesures sans concertation pour impacter l’environnement de manière positive. L’analyse de données s’avère cruciale, notamment à travers l’étude de leurs émissions carbone. De plus, l’environnement n’est pas le seul domaine concerné par la collecte de ces données. C’est toute la politique RSE d’une entreprise qui peut en profiter. Mais encore faut-il que les données soient lisibles par tous les collaborateurs et de qualité.
Les entreprises savent qu’il leur faudra désormais composer avec une politique environnementale forte, pour répondre aux mesures mises en place, ou prochainement mises en place, par les autorités, mais aussi pour contenter leurs collaborateurs et candidats, ainsi que leurs clients et consommateurs. Seulement, pour être une entreprise responsable, il ne s’agit pas uniquement d’une prise de conscience qui verdira une image de marque. Il s’agit d’une véritable stratégie qu’il convient d’anticiper et d’élaborer avec soin.
C’est en tout cas ce qu’affirmait le 5 avril 2022 l’ancienne secrétaire d’État à la transition écologique, Brune Poirson, désormais Directrice du développement durable au sein du Groupe Accord. Lors d’une vidéo réalisée par Hospitaly ON, un média dédié au secteur de l’hôtellerie, elle affirme : « Une autre composante très importante, la collecte de données qui permet d’avoir accès à des informations fiables qui remontent du terrain. Cela permet de sortir le développement durable de la communication et du marketing pour en faire un enjeu de pilotage de la performance. » Les données permettent en effet aux entreprises de mesurer leur impact environnemental à travers l’étude de leurs émissions carbone, de réaliser une prédiction et de mettre en place une stratégie de limitation des émissions. Plus concrètement, cela permet aux entreprises de comprendre quelles sont leurs activités qui polluent le plus et quel axe d’amélioration doit être choisi en priorité. Par exemple, sans analyse fine, une entreprise peut décider d’équiper tous ses collaborateurs de véhicules électriques alors que son véritable impact climatique, sur lequel elle devrait plutôt agir, réside en fait sur l’origine des produits de ses fournisseurs.
Les données sont donc devenues les alliées fondamentales des entreprises qui ont vocation à verdir leurs activités. Mais pas seulement, car c’est la totalité de la politique RSE qui est impactée par l’utilisation de ces données. « Par exemple chez Mazars, comme chez nos clients, nous les utilisons pour rendre plus responsables les politiques relatives à la gouvernance, aux achats, aux ressources humaines… Cela va bien au-delà des enjeux environnementaux auxquels on pense souvent en premier lieu » explique le 9 mars 2022 dans un article du journal La Tribune Kevin Le Denic, Associé Data Advisory chez Mazars, une entreprise française spécialisée dans l’audit, la fiscalité et le conseil aux entreprises. Il convient donc de les modéliser pour qu’elles deviennent un outil de pilotage de la performance, ainsi que l’a précisé Brune Poirson.
« En réalité, les impressions subjectives se révèlent souvent erronées. La data lutte contre les biais cognitifs en permettant la création de modèles objectifs nécessaires à l’élaboration de plans d’action adaptés : chez Mazars, nous modélisons par exemple les parcours hommes-femmes afin de favoriser la mixité à tous les niveaux de l’entreprise. L’analyse de nos données nous a par ailleurs permis de réaliser que le métier d’auditeur avait progressivement perdu en attractivité, ce qui était masqué par le regard positif que nous portions en interne à son propos. D’autres entreprises utilisent la data pour anticiper les risques psychosociaux propres à leur profession et mener des opérations de prévention individualisées », ajoute Marc Biasibetti, Associé en charge de la RSE de Mazars en France.
L’utilisation des données est d’autant plus pertinente qu’une même donnée peut être utile à comprendre différents domaines à différents moments. Elles ne sont pas figées mais exploitables dans la globalité. Cependant, il importe avant tout qu’elles soient compréhensibles par tous les utilisateurs, c’est-à-dire les collaborateurs des entreprises. « Une étude menée par le Data Literacy Project a montré qu’en dépit de la hausse significative en matière d’exploitation des données, seuls 24 % des employés dans le monde se sentent pleinement capables de déchiffrer, d’exploiter, d’analyser et d’argumenter avec les données. » explique dans un article de Environnement Magazine, publié le 30 mars 2022, Valérie Soubiran, directrice marketing senior pour la France, le Moyen-Orient et l’Afrique chez l’éditeur de logiciels Qlik.
Il importe également que les données soient de qualité. Les grands groupes ont l’opportunité de pouvoir exploiter un grand nombre de données mais la quantité n’est pas le plus important pour réaliser des analyses pertinentes. « La clé pour les grands groupes, comme pour les TPE, PME et ETI, est de mettre à profit des solutions open source et autres bases de références publiques (« open data »). Cela permet de gagner en efficacité opérationnelle et d’aller plus loin en termes d’analyse, de définition de plans d’action et d’évaluation monétaire des impacts. » analyse Kevin Le Denic. Concrètement, il est surtout indispensable que les entreprises d’un même secteur se partagent leurs données. Grâce à cette mise en commun, l’analyse sera plus fine, plus juste et donc plus qualitative. C’est ainsi tout un secteur qui pourra se concerter et mettre en commun ses pratiques vertueuses et objectifs de réduction des émissions carbone. Cette collaboration est essentielle au développement durable de nombreuses entreprises.