La Fresque du Climat est un jeu de cartes créé par Cédric Ringenbach et qui permet de comprendre les tenants et aboutissants du changement climatique. Cet exercice ludique, pédagogique et collaboratif se développe notamment dans les grandes entreprises qui communiquent, à travers le jeu, leurs intentions en matière de développement durable. Pour les salariés, la Fresque est aussi un moyen d’influencer la politique stratégique de leur employeur.
La Fresque du Climat est un jeu de cartes dont la finalité est de sensibiliser les participants au changement climatique de façon ludique, collaborative et simple. Durant trois heures, un groupe de 5 à 8 personnes doit placer les 44 cartes du jeu de manière à réaliser une fresque qui lui permettra de comprendre les causes et les effets du changement climatique.
Les 44 cartes sont un résumé des différents rapports écrits par les scientifiques du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Le recto contient une image, comme une photographie ou un graphique, et le verso une définition d’un thème précis. Tous les sujets liés au changement climatique sont représentés : déforestation, agriculture, santé, énergies fossiles, émissions de dioxyde de carbone, fonte de la banquise, effet de serre, montée des eaux, transport, biodiversité, etc.
C’est Cédric Ringenbach, ingénieur, conférencier et consultant en transition énergétique pour les entreprises et les organisations, qui l’a créé en 2015. Spécialiste du changement climatique depuis 2009, Cédric Ringenbach enseigne les problématiques autour de l’énergie et du climat dans les grandes écoles françaises. Il a également dirigé entre 2010 et 2016 The Shift Project, une association dont l’objectif est d’atténuer le changement climatique et réduire la dépendance de l’économie aux énergies fossiles.
Cédric Ringenbach, dont on peut lire les propos dans un article de Sciences et Avenir, explique que « cette question est complexe et (que) pour mieux la comprendre, il faut s’aider en utilisant l’intelligence collective ». Car finalement, sans travail de groupe, sans échanges, le jeu ne fonctionnerait pas. Les cartes servent seulement de support pour amorcer le partage de connaissances entre les participants. L’interaction est la clé de la réussite de la Fresque du Climat : le joueur participe, apprend et retient de cette manière. Ainsi, le jeu se termine toujours par un débat, afin que chacun puisse communiquer sur ce qu’il a découvert, redécouvert, sur les idées reçues qu’il a pu évincer. L’échange se base également autour des émotions, car c’est souvent lors de ce jeu que les participants réalisent l’ampleur de la catastrophe climatique. Enfin, lors de l’étape finale, des pistes d’actions à mettre en place pour lutter contre le réchauffement climatique sont partagées.
Aujourd’hui, le jeu est traduit en 25 langues. A la fin de l’année 2021, 320 000 personnes avaient déjà participé au jeu (on dit qu’elles ont été « fresquées ») et 13 000 animateurs avaient déjà été formés. Ces animateurs peuvent ensuite organiser eux-mêmes le jeu avec leur entourage, et notamment leurs collègues.
TF1, EDF, L’Oréal, Suez, Air France, Total… Les grands groupes sont aujourd’hui nombreux à réaliser des Fresques du Climat au sein de leur entreprise. Le jeu a l’avantage de souder les équipes et permet au groupe de communiquer auprès de ses collaborateurs, et même de ses clients ou consommateurs, sur ses intentions écologiques. EDF a ainsi décidé que la totalité de ses salariés devait être fresquée, soit 165 000 personnes. « Nous considérons que nous faisons partie de la solution donc nous mobilisons les salariés » explique Pierre-Olivier Chacun, chef de projet de la Fresque au sein d’EDF, au site d’information Reporterre.
L’exercice est moins évident pour les groupes qui émettent massivement du dioxyde de carbone, comme les entreprises de transport. « On va fatalement être confrontés à pas mal de paradoxes et de dissonances, mais l’intention de l’atelier est très simple : faire comprendre le sujet. Cela s’arrête là. » affirme au site d’information Vincent Rabaron qui déploie la fresque auprès d’Air France. L’objectif n’est pas de mettre l’accent sur les actions polluantes de certaines entreprises mais plutôt d’informer puis d’échanger sur les pistes d’actions qu’il est possible de mettre en place. Car la transition ne peut se faire qu’en lien avec les grands groupes.
La Fresque du Climat peut ainsi engendrer une prise de confiance des dirigeants : « Cela amène des réflexions stratégiques assez poussées, mais ce sont aux dirigeants de les mener. Le débriefing pose une série de questions sur le risque climatique de l’entreprise, son impact, les actions mises en place, les risques qu’il y a à transitionner. » explique Cédric Ringenbach à Reporterre.
La prise de conscience peut aussi venir des salariés, ou même des futurs collaborateurs, qui sont de plus en plus exigeants quant aux actions environnementales et sociétales de leur employeur. Certains peuvent éventuellement décider de démissionner. Mais beaucoup de profils préfèrent rester et faire avancer les problématiques écologiques de l’intérieur. Par leur engagement, ils peuvent influencer le positionnement de leur entreprise. Car en effet, les politiques RSE pèsent de plus en plus lourd dans les décisions stratégiques prises par les dirigeants des entreprises. Mécaniquement, cela engendre des avancées en matière d’implication écologique.