Elie Nkamgueu est chirurgien-dentiste, originaire du Cameroun, co-fondateur du Club Efficience qui vise à promouvoir les talents noirs et président du Directoire de Efficience Africa Fund, un fonds destiné à soutenir les PME africaines.
Une première en France. Une association ciblée sur les diasporas afrodescendantes va lancer au premier semestre 2022 un fonds d’investissement à hauteur de 50 millions d’euros pour participer au développement des PME et TPE sur le continent africain. Le club Efficience, créé à Paris il y treize ans par le Docteur Elie Nkamgueu, entend regrouper les afrodescendants en France et en Europe avec un objectif économique : pousser les murs et casser les plafonds de verre. La création de ce fonds est une nouvelle corde à son arc pour ce chirurgien dentiste originaire du Cameroun et qui exerce depuis 20 ans en région parisienne. À la fois think tank et « Do tank », le Club Efficience compte plus de 600 membres, regroupant des cadres, des chefs d’entreprises et leaders d’opinion issus de la diaspora afro-française et afro-européenne. Leurs actions consistent à mettre en lumière les réussites trop « discrètes » de cette diaspora et à créer un réseau issu de la diversité. En témoigne leur publication régulière d’un Gotha Noir, annuaire de ces réussites.
Longtemps considérée comme une perte, voire un désastre, pour l’Afrique, et parfois associée à une « fuite des cerveaux », la diaspora africaine se révèle, au contraire, être un puissant vecteur de développement pour le continent. Depuis 4 ans, le Club Efficience travaille sur les dispositifs d’incitation des diasporas à contribuer au développement économique du continent ; de ce travail est née l’idée de la création d’un fonds d’investissement diaspora ouvert à tous, Efficience Africa Fund, venant en financement des PME africaines, créatrices d’emplois et de richesse. En se basant sur les montants croissants des transferts d’argent, il n’est plus à démontrer que cette diaspora est un puissant générateur de flux financiers vers l’Afrique. Les sociétés européennes et les sociétés africaines n’ont plus seulement un passé ou une histoire en partage, mais aussi des millions d’enfants en commun : une diaspora 2ème et 3ème génération, mieux formée, plus diplômée et un niveau de vie et une capacité d’épargne supérieure à celle de leurs parents.
La proximité géographique Afrique-Europe et la complémentarité de nos économies imposent que la diaspora devienne un acteur incontournable de développement et l’un des éléments structurants de l’émergence de l’Afrique de demain. Pour réussir, nous devons fédérer cette diaspora, implémenter des solutions innovantes susceptibles d’apporter de l’envergure à ses initiatives et apprendre à mieux investir pour le continent. Cette diaspora a des exigences : près de 80% de ses membres souhaitent investir en Afrique et possèdent une vision panafricaine. Les diasporas ne sont pas que des philanthropes. Beaucoup de ses membres sont intéressés par les problématiques RSE et par des solutions d’investissement conformes à la réglementation à rendement suffisant. Le rendement prime sur le pays d’origine.
Les études sur la situation économique du continent africain révèlent que 76% de PME ont besoin de financement parmi lesquelles 49% n’ont pas de garanties suffisantes pour emprunter auprès des banques. Il remonte que l’offre de financement est limitée à la dette sur garantie bancaire, obligeant près de 60% de PME à rester dans l’informel. Nous devons créer un nouveau modèle et forger sa légitimité par sa réussite ; avec un mécanisme réglementaire qui permet de capter l’épargne de cette diaspora et l’orienter vers du capital investissement dans les PME. Cela aura un effet incroyable de création d’emplois et de richesse. C’est une façon quelque part de contribuer à augmenter la classe moyenne dont on a tant besoin pour soutenir le développement harmonieux du continent africain.
Les solutions proposées sont complémentaires, elles doivent répondre aux besoins de financement des PME africaines : la dette par les institutions bancaires, ou l’investissement en capital par le levier de la société civile. On parle ici de private equity. L’innovation et le mérite du Club Efficience, c’est d’arriver à structurer un véhicule réglementaire (EAF) pour mobiliser l’épargne de la société civile afin de venir en financement des PME africaines par le capital investissement. Notre objectif est de lever 50 millions d’euros. Le minimum de souscription est de 500 € par personne et par année, donc 50 euros par mois sur dix mois. Avec pour ambition de convaincre 100 000 personnes pour lever les 50 millions d’euros.
Nous mettons à contribution la diaspora mais aussi les amis de l’Afrique : les entreprises et les institutions. Avec deux classes de souscripteurs, les personnes physiques et les personnes morales. Notre objectif est de convaincre surtout des investisseurs socialement responsables (ISR), qui au-delà de la rentabilité attendue, veulent porter certaines valeurs éthiques de développement sur le continent. La société de gestion du fonds EAF dispose d’une expérience de longue date en matière d’investissement et de cession de participations dans des PME en Afrique. En s’appuyant sur des partenaires locaux, la société de gestion va répertorier un certain nombre de PME éligibles.
La société Efficience Africa fund (EAF) est déjà créée. Les membres du Club Efficience porteurs du projet ont regroupé 37 000 euros, une somme nécessaire pour constituer le capital de création. Afin d’atteindre notre objectif de 50 millions d’euros, EAF va mettre en œuvre plusieurs augmentations de capital de 10 millions d’euros par offre au public.