Le bien-être au travail est devenu un impératif pour accroître la productivité de l’entreprise tout en assurant l’épanouissement des salariés. Pour ce faire, de nombreuses entreprises mettent en place des infrastructures afin de rendre plus chaleureux l’espace de travail et proposer des activités de détente à leurs collaborateurs. Il convient toutefois de ne pas surestimer les mesures accessoires qui cachent parfois de profonds dysfonctionnements.
Des études récentes réalisées par Harvard et le MIT ont démontré que les salariés qui aiment leur travail et s’y épanouissent sont six fois moins absents et sont 55 % à être plus créatifs.
En outre, selon un article publié par RSE Magazine en février 2023, le bien-être au travail intensifie l’appétence au changement des collaborateurs qui montrent aussi plus de motivation à accroître la productivité de leur entreprise.
Le bien-être au travail contribue également à développer une culture d’entreprise forte, renforçant l’engagement et le sentiment d’appartenance des employés. Il attire en outre de nouveaux talents et soutient la stratégie de recrutement, car de nombreux candidats considèrent le bien-être au travail comme un critère de sélection important.
En réduisant l’absentéisme, le bien-être au travail permet aussi de réduire les coûts pour l’entreprise. Les employés à l’aise sont moins susceptibles de tomber malades et montrent plus de motivation à bien faire leur travail. De plus, il contribue à lutter contre l’épuisement professionnel et à maintenir les employés en bonne santé physique et mentale.
Le bien-être au travail est ainsi devenu un impératif pour un certain nombre d’établissements à travers le monde, notamment après la crise sanitaire, car il maintient l’équilibre de l’entreprise, entre épanouissement des employés et réussite économique.
Pour s’assurer du bien-être de leurs salariés, certaines entreprises mettent les bouchés doubles, à l’instar de l’éditeur de logiciels Kelio basé à Cholet, en Maine-et-Loire, qui met gratuitement à disposition de ses 500 salariés un espace multi activités, leur permettant de faire du sport ou de réaliser toute autre activité (salle de jeux, salle de sieste, coin lecture, etc.). Avant de réaliser cette infrastructure, l’entreprise avait consulté ses employés pour définir ce dont ils désiraient bénéficier.
D’autres entreprises misent sur une réorganisation de l’espace. En raison de la généralisation du télétravail, certains établissements ont supprimé des bureaux afin de gagner de la place et réalisé des salles de détente au profit des salariés. En contrepartie, ces derniers n’ont plus de place attitrée mais l’espace est bien plus accueillant. « Aujourd’hui, les employeurs préfèrent un cadre chaleureux et du mobilier adapté à différentes phases de travail dans la journée. Les espaces de travail sont parsemés de tables hautes, de fauteuils et de canapés, pour travailler dans différentes postures, de manière plus ou moins formelle. » peut-on lire dans un article des Échos Start consacré au sujet.
D’autres enfin privilégient davantage les extérieurs, en proposant notamment aux collaborateurs de jardiner et de s’occuper de leur propre potager.
En revanche, même si beaucoup d’entreprises ont pour objectif d’améliorer le bien-être au travail au sein de leur établissement, la réalité est parfois différente. C’est la raison pour laquelle les études réalisées sur le sujet concluent souvent que les conditions de travail dans notre pays ne sont pas bonnes. De plus, certaines mesures, bien que réfléchies et plaisantes, corrigent seulement en surface les problèmes de fond.
« Bien souvent, lorsque la RSE s’intéresse à la qualité de vie au travail, c’est sous l’angle de mesures accessoires : installer des salles de relaxation, des espaces végétalisés, promouvoir des actions philanthropiques, des événements conviviaux supposés « engager » le « collaborateur » (sic)… Pas de réflexions profondes sur les modes de management parfois pathogènes qui subsistent dans l’entreprise, sur la pression subie par les salariés, sur l’équilibre vie professionnelle / vie privée, sur le non-respect des horaires, et même souvent, sur le non-respect du droit du travail. » écrit Clément Fournier, rédacteur en chef du site d’information Youmatter consacré aux enjeux sociaux et environnementaux, dans un article publié le 3 juillet 2023.
Ce dernier rappelle que les conditions de travail sont le plus souvent du ressort du département des ressources humaines, et non du département RSE qui peut en conséquence difficilement peser sur les prises de décision. Pour être certaine d’instaurer de bonnes conditions de travail, l’entreprise devrait d’abord s’assurer que ses managers sont formés aux risques psycho-sociaux, qu’aucun salarié n’est en surcharge de travail (auquel cas il est nécessaire d’embaucher), que les salariés en difficulté sont aidés ou encore que l’environnement de travail est sain. « Voilà qui coûte sans doute un peu plus cher qu’une énième politique de mécénat de compétences, ou que l’installation de ruches sur le toit ! » conclut Clément Fournier.