De nombreuses entreprises ont réalisé que le bien-être des salariés est une question fondamentale, parce qu’il permet à la fois de fidéliser les employés déjà en place mais également d’en attirer de nouveaux, ce qui n’est pas négligeable dans une période où l’on note une importante pénurie de main d’œuvre et une détresse psychologique chez de nombreux collaborateurs. En revanche, toutes ne sont pas en mesure de financer ces services et des inégalités entre secteurs subsistent.
Un sondage OpinionWay réalisé en 2023 pour le cabinet Empreinte Humaine révèle que 44 % des salariés estiment être en situation de mal-être psychologique. Prendre soin des employés est donc avant tout une manière d’éviter la détresse des salariés, les burn-out et donc les arrêts maladie. « Les entreprises ont longtemps ignoré cette question, mais ces dernières années, beaucoup ont progressé sur ce plan. Elles sensibilisent leurs collaborateurs, leur proposent des outils ou les mettent en lien avec des professionnels pour être accompagnés. » explique Camy Puech, fondateur de Qualisocial, un cabinet de conseil en santé mentale au travail, au journal Les Echos Start dans un article publié en mai 2023.
Des entreprises ont ainsi décidé de mettre en place un certain nombre de services. Au sein de Pernod Ricard par exemple, des ateliers de sensibilisation au dépistage des cancers, de sophrologie ou encore sur le sommeil ont été proposés aux salariés au cours des derniers mois. BlaBlaCar de son côté a réalisé en 2022 un partenariat avec Moka.care, une start-up qui offre un accompagnement personnalisé aux collaborateurs via notamment une application. L’entreprise propose également la possibilité d’effectuer trois séances avec des professionnels partenaires, comme des psychologues ou thérapeutes, que les maux dont souffre l’employé soient en rapport ou non avec son travail. « On sait que lorsqu’on ne va pas bien dans sa vie personnelle, cela s’en ressent sur le plan professionnel, et inversement. D’où l’intérêt que les collaborateurs soient épanouis dans chacun de ces environnements qui s’imbriquent pour ne former qu’un tout. » affirme au journal Les Echos Start Muriel Havas, directrice de l’environnement de travail chez BlaBlaCar.
De nombreuses entreprises ont également pris la décision de proposer des services améliorant à la fois la santé physique et mentale des salariés. Côté alimentation par exemple, elles multiplient l’offre de plats végétariens, de plus en plus plébiscités par les salariés pour leur impact positif au niveau sanitaire et environnemental, et accentuent la convivialité à l’heure du déjeuner. « Les espaces et solutions de restauration sont revus pour être plus chaleureux, et la nourriture plus qualitative et éthique, avec idéalement une offre d’aliments bio et locaux », indique ainsi Julien Foucher, porte-parole de l’association professionnelle Idet (Inspirer et développer les environnements de travail), au journal Les Echos Start.
Les entreprises offrent aussi à leurs salariés des activités intégralement financées leur permettant de se détendre (yoga, sophrologie, danse, théâtre, poterie, ateliers fait-maison, etc.) et même des services facilitant leur quotidien (pressing, livraison de paniers de fruits et légumes, prise de rendez-vous administratifs, etc.). Des services pour leurs enfants sont aussi proposés comme des places en crèche ou de l’aide téléphonique aux devoirs gratuite. « Il y a quelques années, il s’agissait surtout d’entreprises de la tech et du monde du conseil, car ces domaines manquaient de bras. Désormais, tous les types d’organisation et tous les secteurs d’activité – du secteur public à la banque en passant par la grande distribution – s’y mettent car la pénurie de main-d’oeuvre se fait ressentir partout » analyse Léa Binet-Ferté, directrice générale adjointe de Great Place to Work France, dans l’article du journal Les Echos Start.
Mozart Consulting, fondé en 2011 par Victor Waknine, a conçu l’IBET (l’Indice de Bien-Etre au Travail), une méthode permettant de connaître et d’évaluer l’engagement des salariés. Chaque année, l’agence publie un IBET national par branches sectorielles. L’indice fonctionne comme le système d’étiquetage nutritionnel Nutri-score, que l’on trouve sur les emballages de produits alimentaires : en vert ce qui entraîne l’engagement du salarié, en rouge ce qui engendre son désengagement, de son adhésion (A) jusqu’à son épuisement (E). Un article de RHMatin indique que la situation du bien-être au travail s’améliore en 2022. En revanche, cela ne concerne pas tous les secteurs. On note ainsi une progression dans les métiers du médico-social et de l’enseignement privé, qui s’explique par le contexte pandémique de l’année 2020. A l’inverse, il y a une forte dégradation dans la filière alimentaire, au sein des bureaux d’études et dans le secteur de la métallurgie.
Enfin, il est important de souligner que toutes les entreprises ne sont pas en mesure de proposer des services haut de gamme à leurs employés. « Le fossé se creuse entre les grandes entreprises qui ont de l’argent et celles qui n’ont pas les moyens ou qui, de par leurs petits effectifs, ne peuvent pas proposer une large palette de prestations » explique au journal Les Echos Start Audrey Richard, présidente de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH). Cette dernière rappelle également qu’un critère primordial ne doit pas être évincer : le salaire reste l’élément le plus important pour les candidats à l’embauche.