Si les grands groupes sont de plus en plus nombreux à avoir créé un service RSE à part entière au sein de leur établissement, la question se pose pour les PME et ETI. En tout cas, pour que l’internalisation réussisse, ces dernières devront faire face à plusieurs difficultés.
Les grands groupes, qui ont aussi davantage d’injonctions légales auxquelles ils doivent se plier, sont nombreux à avoir créé des directions RSE au sein de leur établissement, au même titre que la direction marketing ou la direction des affaires financières. Cette internalisation de la politique RSE n’est cependant pas forcément adaptée aux structures plus petites, comme les PME et les ETI.
Certaines se demandent ainsi si externaliser ces fonctions ne serait pas plus pertinent. Néanmoins, d’autres s’interrogent sur ce point : comment se doter d’une stratégie RSE efficace et concrète si ces enjeux ne sont pas pleinement intégrés dans le fonctionnement quotidien de l’établissement et n’émanent pas du cœur même de l’entreprise ? Pour Greenweez par exemple, une externalisation n’était pas concevable car la RSE représente justement les fondations de l’entreprise. C’est cette internalisation qui a poussé ses dirigeants à aller plus loin dans leur démarche en devenant une entreprise à mission en 2021. « Cela nous a obligés à formaliser notre démarche. C’est d’ailleurs l’un des objectifs pour lesquels nous avons opté pour ce statut ; nous avions besoin de ce cadre pour challenger nos enjeux RSE » explique la directrice RSE de Greenweez, Stéphanie Leonor, au site d’information Stratégies, dans un article paru en avril 2023.
D’autre part, si l’internalisation coule de source pour certaines PME, la création d’un service dédié semble moins pertinent. Premièrement, elles n’ont pas toujours l’effectif suffisant. En outre, cela permet de mettre la RSE au cœur des enjeux de l’entreprise et d’impliquer chaque salarié. « Nous ne voulons pas que la RSE soit un sujet « à côté » des priorités de nos équipes, il faut qu’elles s’en imprègnent totalement. » précise la directrice RSE qui a mis en place divers projets dans cet objectif, comme des déjeuners mensuels sur ce thème réunissant une quinzaine de collaborateurs ou l’obligation pour chaque salarié de définir un « objectif de mission » en lien avec les ambitions de Greenweez.
« Pour que l’intégration de la RSE apporte une réelle valeur ajoutée à l’entreprise, cette démarche doit être structurée et personnalisée en prenant en compte les enjeux environnementaux, sociaux et économiques pertinents de l’activité pour déboucher à des actions concrètes en la matière. » écrivent Fabrice Lenaerts et Fabian Plumier, experts en Quality management (QSE) et en développement durable chez Intraco Consulting, dans un article du journal belge La Libre Eco publié en avril 2023. En conséquence, il faut que les dirigeants de l’entreprise s’engagent pleinement dans le projet RSE mais pas seulement. Il est primordial que chaque salarié s’implique dans cet objectif.
Cependant, les entreprises, et notamment les PME, peuvent rencontrer un problème de taille dans la réalisation de leur projet : la pénurie de main d’œuvre. « Aujourd’hui, il est indispensable d’avoir au moins une personne experte. Les sujets sont complexes, la bonne volonté et l’engagement ne suffisent plus. Il faut quelqu’un qui ait suffisamment de franc-parler pour dire les choses clairement au dirigeant et qui ait une grande capacité d’adaptation, car on navigue en permanence entre des enjeux RSE à long terme et des impératifs business à court terme » explique Caroline Renoux, fondatrice du cabinet Birdeo, spécialisé dans les profils RSE, dans l’article du site d’information Stratégies. « Pour les PME ou les TPE, cette fonction RSE peut très bien être assurée en temps partagé. » ajoute-t-elle. Mais l’un des problèmes majeurs reste quand même le recrutement de ces profils qui sont à la fois rares, très demandés et pas toujours assez qualifiés.