Avoir une politique RSE efficace ne serait pas synonyme de performance financière à en juger le manque d’implication des consommateurs sur les problématiques environnementales et sociales remarqué sur le terrain. Mais les spécialistes expliquent qu’un engagement RSE engendre une performance globale indispensable sur le long terme.
Un nombre important d’études souligne la prise de conscience de plus en plus marquée des consommateurs en matière environnementale et sociale lors d’une décision d’achat ainsi que dans le processus de fidélité à une marque. Néanmoins, sur le terrain, cette implication semble encore peu visible. « Dans notre secteur, les consommateurs finaux privilégient toujours la variable prix et le goût des produits, avant d’en regarder l’impact environnemental et social » explique ainsi Bettina Aurbach, directrice générale marketing et commerce du groupe Cofigeo (propriétaire des marques Zapetti, William Saurin ou encore Panzani), dans un article du journal Les Échos publié le 14 décembre 2022.
En conséquence, l’établissement d’une politique RSE ne serait pas encore la bonne stratégie pour qui cherche à « faire du business » : « Depuis plusieurs années, j’explique à mes équipes que nous devons être irréprochables, car bientôt la RSE sera la première préoccupation des clients. Nous sommes depuis labellisés B-Corp, mais ma prédiction ne s’est pas encore réalisée… » déplore à son tour au journal Les Échos Didier Boudy, président de Mademoiselle Desserts, une marque de pâtisseries surgelées.
La mise en place d’une politique RSE est enfin d’abord une question de conviction personnelle qui ne doit pas être subordonnée à une réussite financière. Certains spécialistes de la RSE rappellent d’ailleurs que la prise en compte des problématiques actuelles appelle à la sobriété des entreprises, ce qui n’est pas en accord avec une recherche d’augmentation des profits.
L’instauration d’une politique RSE n’est en revanche pas vaine car la recherche de rentabilité financière n’est pas incompatible avec une démarche de sobriété, si elle est inclue dans une recherche de performance globale : les gains financiers mais aussi l’égalité entre les hommes et les femmes, le bien-être au travail ou bien encore la baisse des émissions de CO2. La finance doit donc être reconnectée à l’économie réelle : « Les projets à impact, préservés des pratiques spéculatives et instables, montrent une plus grande résilience face aux crises à venir. » explique Eva Sadoun, co-présidente du Mouvement Impact France, dans un article de Madame Figaro publié en mai 2022. La RSE contribue donc à pérenniser la performance de l’entreprise face à l’incertitude climatique.
De plus, plusieurs études notent aussi l’impact grandissant des salariés et candidats dans la prise de conscience d’une entreprise. Ces derniers sont de plus en plus exigeants, et notamment les jeunes diplômés. Mettre en place une politique RSE attire ainsi de nouveaux talents et permet de fidéliser les collaborateurs déjà en poste, même si cela concerne davantage les cadres que les ouvriers. « Dans les usines, la préoccupation principale des ouvriers reste la fin du mois. Certains nous quittent pour un meilleur niveau de salaire, ou pour un schéma horaire plus adapté à leur vie privée. » rappelle Didier Boudy.
Enfin, sans un engagement profond de la direction, une politique RSE risquera de s’apparenter à du greenwashing auprès des consommateurs engagés mais également auprès des investisseurs. « Au-delà des ventes en elles-mêmes, le niveau de RSE de votre entreprise jouera sur vos relations avec d’éventuels investisseurs. De plus en plus de fonds sont en effet contraints par leurs propres investisseurs d’établir des critères d’inéligibilité en la matière » peut-on encore lire dans l’article du journal Les Échos. A l’inverse, un engagement RSE permet à l’entreprise de se préparer à de futures contraintes législatives en la matière et de se différencier face à la concurrence.