D’après le secrétaire général de l’ONU qui s’est exprimé le 27 octobre 2022, l’accord de Paris ne pourra pas être respecté et la planète devrait se réchauffer de 2,6 à 2,8 degrés d’ici 2100. Face à ce constat catastrophique, mettre en place des objectifs de neutralité carbone est inutile s’ils ne sont pas suivis d’actes concrets. Ce dernier appelle donc à la fin du greenwashing. Comment est-il possible de l’éviter en entreprise ?
Alice Vachet, consultante en RSE, explique, sur une infographie qu’elle a elle-même réalisée et relayée sur son compte Twitter en octobre 2022, comment éviter le greenwashing. Premièrement, l’entreprise se doit de s’engager concrètement dans une démarche écologique et sociétale afin de répondre aux exigences des consommateurs. Par exemple, un sondage réalisé en 2021 par OpinionWay pour Salesforce et Les Échos révèle que, depuis la pandémie, les consommateurs français sont 63 % à être plus attentifs aux engagements des entreprises. En outre, ces derniers sont de plus en plus sensibles aux valeurs mises en avant par les entreprises. Ils sont ainsi 71 % à déclarer qu’ils sont davantage fidèles aux entreprises dont ils partagent l’engagement au niveau sociétal et environnemental. « Le recours à des valeurs rassure. (…) L’adéquation à ces valeurs crée non seulement l’adhésion, mais une connivence et la fidélité : à partir du moment où une entreprise partage certaines valeurs, elle accède à une représentation supérieure et devient un objet plus absolu, comparativement aux autres » explique ainsi le sociologue Ronan Chastellier dans un article des Échos daté de juin 2021.
Afin de répondre au phénomène de la consommation responsable et à l’exigence croissante des consommateurs, Alice Vachet précise donc que l’entreprise se doit de s’engager concrètement, que ce soit dans l’offre qu’elle propose à ses clients mais également dans son propre fonctionnement interne. Une fois cet engagement acté, l’entreprise peut communiquer afin d’en informer les consommateurs, si et seulement si des actions concrètes ont été réalisées, afin d’éviter tout greenwashing. L’entreprise peut mettre en lumière les actions effectuées mais également les projets à venir. Elle peut en outre informer de ses points faibles et proposer des solutions pour les contrer.
Il est ensuite indispensable de « penser local » d’après Alice Vachet. En effet, selon une nouvelle étude réalisée par Opinion Way début 2022, huit français sur dix considèrent le Made in France comme un gage de qualité. C’est le cas par exemple dans le milieu de la mode. « La crise sanitaire a encore renforcé la valorisation des circuits de production locaux et favorisé l’attachement aux produits fabriqués dans l’Hexagone. C’est ainsi qu’aujourd’hui, 61 pour cent des consommateurs ont déclaré intégrer des produits Made in France dans leurs achats de mode, au cours des 12 derniers mois. » peut-on ainsi lire dans un article du site fashionunited.fr consacré au sondage et paru en mars 2022. Pour atteindre cet objectif, les entreprises doivent revoir leur fonctionnement en ayant recours aux circuits courts qui limitent au maximum l’intervention d’intermédiaires et donc l’impact environnemental. Les produits fabriqués localement doivent être aussi grandement privilégiés.
Qui plus est, Alice Vachet explique que l’entreprise doit réduire son impact écologique. Pour ce faire, elle peut « utiliser des matières responsables, revoir ses packagings et son marketing global, repenser la recette de ses produits, obtenir des labels ». Elle peut également recycler ses déchets, utiliser des énergies renouvelables, mettre en place une politique RSE dans laquelle est impliqué l’ensemble des salariés, proposer des formations sur le changement climatique, modifier sa chaîne d’approvisionnement, développer la mobilité douce pour les déplacements de ses salariés, etc. Beaucoup de spécialistes conseillent la politique des petits pas, c’est-à-dire favoriser en premier lieu des actions faciles à réaliser mais dont les impacts sont pourtant significatifs.
Enfin, il est indispensable d’impliquer l’ensemble des salariés. En effet, la mise en place de mesures concrètes ne peut se faire de manière isolée ou individuelle. L’engagement des dirigeants et l’inscription d’une politique RSE au cœur des stratégies de l’entreprise est un moyen de fédérer tous les employés. C’est aussi une manière d’assurer l’efficacité de cet engagement. La collaboration et la structuration sont des conditions essentielles à la lutte contre le greenwashing. Alice Vachet propose ainsi d’« attribuer à chacun des salariés des rôles concrets », d’« encourager la proactivité » et de « mettre en place des actions de solidarités » dans le but de « fédérer les salariés ».
Ces derniers, et notamment la jeune génération, souhaitent justement ardemment l’engagement de leur entreprise sur les sujets sociétaux et environnementaux. « Les récents mouvements « jeunes », à l’image du Manifeste pour un Réveil Écologique en 2018 signé par plus de 30 000 étudiants et les discours des étudiants engagés d’établissements réputés comme l’École polytechnique, AgroParisTech, ou HEC Paris, témoignent d’une prise en considération grandissante des enjeux socio-écologiques par les jeunes. Le salaire ou le prestige de l’emploi, de la carrière, ne sont plus des critères suffisants aux yeux de ces futurs professionnels. Au contraire, ils évitent, boycottent, critiquent les entreprises polluantes ou non respectueuses des valeurs d’inclusion. » lit-on ainsi dans un article du site d’information Youmatter en octobre 2022.