Même si l’engagement des entreprises françaises, sur les sujets environnementaux notamment, a beaucoup progressé en quelques années, une récente étude démontre que la mise en place de politiques RSE efficaces stagne encore. Il existe de nombreux freins, comme le manque de budget, de temps, de personnel ou encore l’absence de mesures efficaces.
Vendredi, une plateforme en ligne d’engagement citoyen destinée aux entreprises et à leurs salariés, fondée en France en 2017, a publié la deuxième édition de son baromètre RSE en octobre 2022. L’étude montre premièrement que le budget consacré par les entreprises à la mise en place de politiques RSE est le même que l’année précédente. Pourtant, l’actualité climatique désastreuse aurait pu inciter les entreprises à accélérer le processus. En outre, 82 % des entreprises interrogées estiment qu’elles manquent de temps pour s’y consacrer davantage. Plus de la moitié explique également que le nombre de salariés dont les missions sont dédiées aux politiques RSE est trop faible et n’évolue pas. Dans les petites entreprises notamment, il n’y a souvent aucun employé en charge de la politique RSE du groupe.
« On peut trouver plusieurs explications à ce constat. La question de la rentabilité financière de la RSE se pose. Si on y trouve un intérêt marketing, qui est un de ses principaux moteurs, cet intérêt reste limité. (…) S’y ajoutent les freins au déploiement et à l’accélération de la RSE. Il y a ainsi une hausse de la part d’entreprises qui estiment que le manque de temps est un frein important face à l’accélération de leurs démarches RSE. » peut-on ainsi lire dans un article du site internet FocusRH, publié le 20 octobre 2022.
Parallèlement, peu de salariés s’engagent dans le processus, notamment dans les grands groupes où seuls 4 % des employés sont actifs. Ces derniers manquent par exemple de temps pour s’impliquer durant leurs jours de travail et doivent le faire en plus de leurs missions. Pourtant, il existe des crédits de jours solidaires que 77 % des entreprises interrogées ne proposent pas à leurs employés et qui permettraient de pallier cette problématique.
Les thématiques abordées jouent aussi sur l’engagement des salariés. « Certaines thématiques mobilisent moins les entreprises. C’est notamment le cas des questions LGBTQIA+. 80 % des entreprises ne mettent en effet aucune action en place pour favoriser l’inclusion des personnes LGBTQIA+, chiffre en hausse de 10 % par rapport à 2021 » peut-on encore lire dans l’article de FocusRH.
Pourtant, de plus en plus de salariés, et en particulier les jeunes diplômés, exigent de leur employeur un engagement sincère au niveau environnemental et sociétal. « 75 % des salariés des grandes entreprises ressentiraient un malaise face à l’inaction de leur entreprise dans la lutte contre la crise environnementale et la croissance des inégalités. 6 salariés sur 10 envisageraient même de quitter leur entreprise pour ces raisons. » écrit ainsi le 18 octobre 2022 sur son compte Twitter Jean Moreau, co-président du Mouvement des Entrepreneurs Sociaux.
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses (70 % cette année contre 64 % en 2021) à ne pas réussir à mesurer concrètement les impacts de leurs actions en matière de RSE. Or, pouvoir comptabiliser les résultats de son engagement est une source de motivation qu’il conviendrait de ne pas négliger. De même, le nombre d’entreprises ayant prévu de mesurer leur empreinte carbone n’a pas augmenté par rapport à 2021. Or, l’utilisation de mesures est essentielle pour mettre en place une politique RSE efficace.
En outre, même s’il est à souligner que 89 % des entreprises interrogées estiment que leur COMEX est au minimum favorable à la mise en place de politiques RSE, il n’y a pas d’évolution au sujet de la proportion d’entreprises dont la RSE est rattachée au COMEX. Or, il est primordial de mettre cette problématique au cœur des stratégies définies par les dirigeants des entreprises. L’engagement de ces derniers est une condition à la mobilisation des salariés et là aussi à la mise en place d’une politique RSE efficace.
« Pour être effectif, le changement doit être global, durable et profond. La RSE ne doit plus être vue comme une succession de missions individuelles à remplir, mais comme une démarche collective et constante d’amélioration perpétuelle. Ce sont les modèles qu’il faut transformer, durablement. La RSE a besoin de plus de ressources, plus d’ambition, plus de structuration, plus d’outils, plus d’implication, plus de collaboration. Plus de solutions efficaces et surtout plus rapides… » conclut enfin l’article.