Le terme « inclusion », de plus en plus lié aux politiques RSE, demeure malgré tout obscure pour les entreprises, les étudiants en école de commerce et plus généralement les citoyens. Selon des experts, il importe de comprendre qu’une politique inclusive menée par une entreprise ne traduit pas nécessairement un engagement RSE de la part de cette dernière, d’autant que l’inclusion est devenue une obligation légale. De plus, la pratique inclusive, qui reste un défi managérial, demande aux managers d’être un minimum formés afin de s’assurer de sa réussite.
La philosophe Adélaïde de Lastic, consultante en éthique des organisations, explique au journal Les Echos dans un article publié en 2021 que les termes « diversité » et « inclusion » sont de plus en plus liés aux politiques RSE des entreprises. S’ils deviennent complémentaires, ils ne sont pas pour autant synonymes. La volonté inclusive d’une entreprise ne signifie pas nécessairement que celle-ci a développé une politique RSE. « Une organisation peut avoir une démarche d’inclusion sans RSE, mais il n’est pas possible de mettre en œuvre une démarche de RSE sans inclusion. » affirme la philosophe.
En effet, le journal rappelle la norme ISO 26.000 qui définit la RSE à travers sept critères, eux-mêmes divisés en un total de plus de quarante sous-thèmes : la gouvernance, l’environnement, les relations et conditions de travail, les droits de l’homme, le développement local, la prise en compte des consommateurs, les loyautés des pratiques. « Une entreprise qui a adopté une démarche de RSE développe donc des actions sociales et respecte les droits humains. Ce qui implique d’inclure tous les types de publics dans la masse salariale et de les traiter de manière égale en termes de salaire, de formation, de qualité de vie au travail, et ne tolérer aucune discrimination », précise au journal Les Echos Adélaïde de Lastic expliquant ainsi qu’une politique RSE sans action inclusive n’est pas possible.
En revanche, il est à noter que les entreprises de plus de vingt salariés ont de toute manière pour obligation d’employer au moins 6 % de personnes en situation de handicap. L’inclusion est donc en premier lieu une injonction légale avant d’être un engagement responsable. Mais l’entreprise peut également si elle le souhaite aller plus loin dans la diversité de recrutement, selon le sexe, le genre ou encore l’origine des candidats sélectionnés.
Afin de sensibiliser les futurs managers et chefs d’entreprise à ces problématiques essentielles, de nombreuses écoles de commerce et universités ont multiplié les cours liés au domaine de la RSE et plus précisément à l’égalité et l’inclusion. Des chaires sur le sujet du management inclusif se sont également ouvertes. Le Hoffmann Global Institute for Business and Society fondé en 2018 à l’Insead a été créé dans le but de responsabiliser les étudiants et de les éduquer sur ces questions afin de faciliter leur futur rôle de manager. « L’entrée dans le sujet ne se fait pas par type de stigmatisation, comme le genre, le handicap, mais sur toutes les formes d’exclusion. Le cours aide les étudiants à comprendre la complexité de la situation, à démêler les tissus d’exclusions ou de biais qui se surimposent. Il leur apprend à développer une culture d’acquisition de connaissances, plutôt que de dogmatisme dans le domaine, à développer et communiquer une vision sur ces sujets » explique Katell Le Goulven, directrice de l’institut, au journal les Echos.
Cette éducation est essentielle. En effet, il semblerait qu’il soit difficile pour les citoyens de comprendre ce qui se cache derrière les notions de diversité et d’inclusion. « #DIVERSITE, #EGALITE & #INCLUSION. Ces termes vous parlent-ils ? 54% seulement des français comprennent ces notions ! Pourquoi sont-elles si obscures pour tant d’entre-nous ? Ne devrions-nous pas revenir aux fondamentaux, c’est-à-dire l’éducation sur ces sujets… ? » écrivait ainsi Alice Vachet, entrepreneure à impact et experte en communication et RSE, sur son compte Twitter en 2021. Il conviendrait donc de communiquer davantage sur ces thèmes, d’autant qu’ils sont souvent occultés par les sujets environnementaux qui ont pris récemment, à juste titre, les devants de la scène RSE.
Il est donc prépondérant de former les managers de demain car non seulement le sujet demeure encore quelque peu méconnu mais surtout il requière un minimum de formation afin d’assurer la réussite des politiques inclusives. « Il faut désamorcer le discours simpliste qui consiste à lier diversité et meilleure qualité de vie au travail. Ce n’est pas si simple et c’est même plutôt l’inverse. Il faut avoir conscience que la diversité au travail demandera de gros efforts de management. C’est déjà un défi de faire travailler ensemble des personnes d’horizons différents, quand en plus elles n’ont pas les mêmes bagages, ou les mêmes besoins au travail, cela rajoute de la difficulté ! Ce genre d’équipe fonctionne s’il y a beaucoup de communication sur le sujet. Il faut être formé, cela ne s’improvise pas. » conclue Adélaïde de Lastic.