Les talents RSE semblent être une denrée rare sur le marché de l’emploi, tendu depuis 2021. Ces profils sont massivement recherchés par les entreprises qui, en les recrutant, répondent à un véritable enjeu de société. Ces dernières subissent une pression de la part des pouvoirs publics qui prennent des décisions coercitives en matière environnementale, mais également de la part de leurs candidats potentiels, dont les exigences salariales et éthiques sont au plus haut. Le « verdissement » est donc une conséquence inévitable du changement climatique.
Manager décarbonation, consultant RSE, responsable des achats durables, chargé de reporting performance extra-financière, manager numérique responsable, chef de projet biodiversité et énergie-climat, analyste data ESG (environnement, social et gouvernance), chargé de mission économie circulaire : les métiers de la RSE sont de plus en plus nombreux et sont la conséquence d’un réel besoin des entreprises. En effet, leurs missions ont pour objectif d’aider ces dernières à s’engager au niveau social et environnemental, ce qui répond à un véritable enjeu de société. Conséquence : les talents RSE semblent être une denrée rare sur le marché de l’emploi, qui s’est tendu en 2021. Pourquoi ces profils sont-ils autant recherchés par les entreprises, voire disputés ? C’est en tout cas une bonne nouvelle pour les profils qualifiés, qui sont en conséquence exigeants et précautionneux avant de prendre une décision relative à leur carrière professionnelle.
« Il y a une augmentation de la pression réglementaire française et plus globalement européenne, une pression des fonds d’investissement et des banques, mais également de la part des consommateurs, des collaborateurs et des jeunes générations, ainsi que des grands groupes vers les ETI et PME. » explique Caroline Renoux, cofondatrice de Birdeo, cabinet de recrutement spécialisé dans les métiers à impact positif, dans un article du journal Les Echos Start publié le 11 juillet 2022.
Cette pression que subissent les entreprises est une conséquence directe du réchauffement climatique. La prise de conscience de l’urgence qui est la nôtre en matière d’environnement pousse les candidats et salariés à redoubler de vigilance quant à l’engagement de leur entreprise et oblige les pouvoirs publics à prendre des décisions coercitives vis-à-vis du monde économique. C’est en 2021 que cette tendance s’est confirmée et a drastiquement modifié les paramètres des métiers de la RSE, qui sont désormais des postes stratégiques. La demande sur le marché de l’emploi a donc explosé et de nombreux postes ont été créés dans tous les secteurs et toutes les entreprises. « Nous avons une incroyable ruée sur les talents et nous recevons des appels tous les jours de clients » confirme Harco J. Leertouwer, dirigeant d’Acre, une importante agence européenne de recrutement en RSE, dans un précédent article du journal Les Echos Start publié en avril 2022.
On constate ainsi un verdissement des emplois, en réponse directe aux réclamations des salariés et décisions des pouvoirs publics. Les entreprises manquent encore de réactivité, notamment dans les grands groupes qui sont moins flexibles et moins perméables au changement, mais les politiques RSE ne se décident plus en marge des stratégies. En conséquence, les entreprises souhaitent de plus en plus verdir leurs activités, et verdissent donc en premier lieu leurs postes en interne.
« Il y a une pénurie de compétences. La demande augmente plus vite que les formations ne se mettent en place » déplore Frédéric Benay, managing director au sein du cabinet de recrutement Michael Page, au journal Les Echos Start en juillet 2022. Car les entreprises, dont les besoins sont massifs, sont à la recherche de talents confirmés. Or, les métiers sont si nouveaux que rares sont les candidats avec une expérience significative. Si les employeurs ne souhaitent pas recruter de jeunes diplômés, ils ont toujours la possibilité de former leurs collaborateurs volontaires en interne.
En tout cas, les candidats sont en position de négocier leur rémunération. Il existe « une tension sur les salaires. Caroline Renoux constate couramment 20 % d’augmentation pour ceux qui travaillent déjà dans l’impact quand ils changent de poste. » peut-on encore lire dans l’article. Ces derniers ont un haut niveau d’exigence, notamment en matière d’engagement et de lutte contre le greenwashing, qui tend le marché de l’emploi dans le domaine de la RSE. C’est ce qu’explique en juillet 2022 au journal Les Echos Start Jean-Philippe Teboul, directeur associé d’Orientation Durable, cabinet de recrutement spécialisé dans l’économie sociale et solidaire : « La part des investissements RSE rapportée à l’ensemble des investissements de l’entreprise qui les convoite leur sert de boussole. Et si ce pourcentage est trop petit, ils en déduisent que le poste n’est pas aligné avec le discours de l’entreprise ».