Fabrice Bonnifet est Directeur Développement Durable (DD) et Qualité-Sécurité-Environnement (QSE) du groupe Bouygues. Il est également Président du Collège des Directeurs et Directrices du Développement Durable (C3D), une association de professionnels qui rassemble plus de 200 directeurs et responsables du développement durable et RSE.
Nommé dirigeant RSE et DD le plus influent sur les réseaux sociaux par Les Echos au mois d’avril, Fabrice Bonnifet revient pour Raisons d’Être sur son parcours, sa vision de l’évolution du développement durable et de la RSE ainsi que l’importance des réseaux sociaux pour « faire passer des messages ».
La RSE j’y suis venu par opportunité de carrière au début des années 2000 et j’y suis resté par conviction ! Et non, hélas je n’ai pas toujours travaillé dans ce domaine et je comprends mieux pourquoi les salariés qui n’évoluent pas dans un métier qui a du sens, finissent par perdre leur motivation.
Mon métier c’est au quotidien d’être à 100% le Directeur Développement Durable du groupe Bouygues. Présider le C3D est une mission bénévole qui notamment me nourrit des expériences de mes confrères responsables DD et RSE des autres secteurs d’activités.
Oui le développement durable dans sa conception initiale a essayé de faire croire qu’il était possible de poursuivre la même trajectoire de développement économique, mais avec des technologies plus propres, ça ne marche pas. Aujourd’hui le développement durable c’est avant tout un concept qui vise à :
Toutes les entreprises n’ont pas la même responsabilité car leurs bilans carbone sont de fait très différents. Mais le climat est un enjeu universel pour l’ensemble des entreprises. A noter qu’il n’y a pas de crise climatique, il y a une urgence ! Une crise commence et se termine, le changement climatique ne s’arrêtera jamais et la situation va même empirer dans les années à venir, la seule chose que nous puissions encore faire c’est limiter l’ampleur des catastrophes annoncées par le Giec.
Oui, il est indéniable que la RSE est un concept qui prend de plus en plus d’importance au sein des COMEX des entreprises, il était temps, mais cela révèle surtout l’immense gâchis de temps perdu pendant des décennies à ne pas avoir voulu entendre les alertes des scientifiques. Nous avons voulu la jouer « Cigale » et bien pleurons maintenant.
Les réseaux sociaux représentent une « caisse de résonnance » intéressante pour faire passer des messages, mais pour 90% d’entre eux, elle est limitée à ses communautés, donc il faut relativiser l’importance réelle des réseaux sociaux en termes d’impact sur la majorité des gens. Ceux qui vont à la messe tous les dimanches sont généralement d’accord avec celui qui prêche, et bien les réseaux sociaux c’est la même chose, le temple est juste virtuel !
Le greenwashing, le purpose washing…C’est comme mentir sur son CV, tôt ou tard, la supercherie est identifiée et la confiance des parties prenantes s’envolent pour toujours. Les entreprises qui communiquent telles qu’elles voudraient être perçues, sans incarner les transformations que cela suppose, prennent le risque de se disqualifier vis-à-vis de leurs propres collaborateurs, qui vivent de moins en moins bien l’idée de travailler pour des entreprises qui trichent. Bref la seule solution, c’est de faire preuve d’humilité, de sincérité et de cohérence dans sa communication.
Les seuls piliers à prendre en compte sont ceux du concept de l’entreprise contributive : prendre en compte les faits scientifiques en tant que données d’entrée de sa stratégie, définir une raison d’être qui prend réellement en compte le bien commun, adopter un modèle d’affaire basé sur l’usage, manager par la confiance et le respect, et déployer un système comptable multicapital.
Et pour accélérer, demander à son conseil d’administration de nommer un ou une dirigeante qui a été formé.e au moins 20h au lien qui existe entre énergie, économie et climat !