Une récente étude vient de placer la France à la troisième place des entreprises les plus engagées dans le monde. Un résultat qui souligne les progrès et les performances de notre pays en matière de RSE, notamment en ce qui concerne les conditions de travail et la responsabilité lors des achats, mais qui ne doit pas faire oublier pour autant nos lacunes au sujet de la préservation de l’environnement.
La plateforme de notation Ecovadis et le Médiateur des entreprises, service national placé auprès du ministre de l’Économie français, ont réalisé une étude sur le sujet de la RSE. Ils ont établi un classement mondial des entreprises les plus performantes. Verdict ? La France est en troisième place. Un très bon résultat pour les entreprises tricolores, qui se placent derrière leurs homologues suédois et finlandais.
L’étude qui vient de paraître est basée sur 80 000 évaluations réalisées entre 2015 et 2020 auprès de plus de 50 000 entreprises présentes sur l’ensemble du globe. Elles concernent la préservation de l’environnement, les achats responsables, le respect des droits de l’homme ou encore la mise en place de mesures éthiques et de lutte contre la corruption. La France obtient donc un score de 54,3 sur un total de 100 points, largement devant les entreprises allemandes (15èmes) ou américaines (25èmes).
En dépassant la moyenne européenne (52,5) et celle de l’OCDE (51), les entreprises françaises démontrent leur efficacité en matière de RSE. « La France connaît une des meilleures progressions dans l’Union européenne » précise en outre la plateforme de notation. Les entreprises françaises, quelle que soit leur taille, se hissent même à la première place au sujet des droits humains. Championnes pour la mise en place de mesures sociales, qui regroupent notamment les problématiques liées aux ressources humaines (conditions de travail, diversité, discrimination), les entreprises françaises connaissent également la progression la plus importante sur les enjeux d’éthique et de lutte contre la corruption.
La France obtient en outre la troisième place en ce qui concerne les achats responsables. « Il y a un écosystème favorable à la RSE en France, poussé par un cadre culturel et réglementaire exigeant avec notamment le déploiement de la loi Pacte ou encore l’application du devoir de vigilance », explique Sylvain Guyoton, vice-président d’Ecovadis, au site d’information Novethic. Cela explique que la plupart des grandes entreprises (87%) ont appliqué des mesures en matière d’achats responsables. En effet, les multinationales françaises ont depuis 2017 l’obligation d’établir un plan de vigilance pour éviter tout risque social ou environnemental lié à leur activité ou celle de leurs fournisseurs et sous-traitants. En revanche, seules la moitié des PME ont mis en place des mesures similaires puisque ces dernières ne sont pas concernées par le devoir légal de vigilance.
Mais le résultat des pays en tête est loin d’être parfait. Leur niveau est qualifié d’ « adapté » par l’enquête, mais il pourrait être « exemplaire ». Seules 19% des entreprises françaises ont obtenu une note supérieure à 65/100 et font donc figure de modèle. C’est toutefois mieux que la moyenne européenne qui se situe à 13%.
De plus, la France arrive seulement à la 5ème place en ce qui concerne les thématiques environnementales. Elle perd deux places, au profit de l’Espagne et de la Norvège dont les efforts ont payé. La France a progressé (54,9 en 2020 contre 50,2 en 2015) mais moins que ses homologues. « Les entreprises françaises ont encore beaucoup de progrès à faire » ajoute Sylvain Guyoton qui regrette notamment la disparité entre les entreprises françaises, dont un quart connaît de grandes lacunes sur le sujet. « Le tissu industriel en Suède et Finlande est plus homogène, les entreprises avancent ensemble sur les sujets et les incitations à l’action sont plus fortes dans les pays scandinaves » ajoute-t-il.
La France devra également travailler sur ses achats responsables si elle souhaite concrétiser ses performances RSE car les bons scores sont obtenus en partie sous la contrainte législative et souffrent là aussi de grandes disparités. Et pour cause, ce sont surtout les entreprises déjà engagées sur les problématiques environnementales qui atteignent de bons résultats.
Enfin, suite à la publication de l’étude, le journal Économie matin déplore le manque de réactivité du monde de la finance en matière de développement durable et le bilan nuancé de leurs projets sur ce thème. Et le journal de mentionner l’analyse de Philippe Zaouati, directeur général de Mirova/Natixis, en décembre 2021 : « Au niveau européen, la France a soutenu l’évolution de la doctrine de la BEI (Banque européenne d’investissement) ainsi que le plan Juncker qui avait mis l’effet de levier au coeur de sa stratégie. Au niveau national, en revanche, peu d’initiatives ont été prises dans ce domaine. Le Grand Plan d’Investissement (GPI) annoncé pendant la campagne de 2017 n’a jamais eu la traction souhaitable, n’apportant pas de financement nouveau et pêchant par une gouvernance complexe. Finalement, il aura fallu attendre la crise sanitaire pour qu’un vrai plan d’investissement soit lancé, avec le plan France 2030, incluant une partie significative de projets en faveur de la décarbonation de l’économie ».