Les métiers de la RSE connaissent de véritables changements. Afin de répondre aux enjeux climatiques, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à recruter de nouveaux collaborateurs. Mais face au manque de formations dédiées, les candidats spécialisés sont rares. En découlent deux conséquences positives. Premièrement, les salaires augmentent et le métier se féminise. Deuxièmement, la qualification et l’engagement des nouveaux profils recrutés influencent la politique et les pratiques des entreprises en matière d’écologie.
Si les salariés des équipes dédiées à la politique RSE des entreprises sont encore souvent recrutés en interne, le secteur change radicalement. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se préoccuper des enjeux du dérèglement climatique et à souhaiter pleinement intégrer cette problématique dans leur fonctionnement et leur activité. Pour cela, il leur faut se doter d’employés qualifiés mais aussi convaincus. Ces derniers doivent être en mesure de sensibiliser leurs collègues jusqu’à redéfinir les stratégies du groupe. Cela demande des compétences et une expérience certaines, ce qui pousse à la redéfinition des métiers du secteur de la RSE.
Certes, les formations spécialisées, qui ont largement la préférence des recruteurs, manquent encore cruellement à l’appel, comme le précise Caroline Renoux, cofondatrice de Birdeo, cabinet de recrutement dédié aux métiers à impact positif. Dans une interview publiée fin août sur le site internet les Echos Start, elle explique ainsi : « Encore très peu d’écoles ont pris en compte la mesure du changement de paradigme en intégrant la RSE dans les troncs communs et dans la recherche. » Pourtant, il est primordial que les formations se développent et surtout se spécialisent pour répondre aux nouvelles fonctions des salariés de la RSE, qui requièrent expertise et maturité.
Ce besoin de recrutement accru et ce manque de formations qui engendrent jusqu’à une pénurie de profils RSE ont néanmoins un impact positif pour les salariés : une augmentation des salaires d’environ 10 %, qui devrait même s’accentuer, ce qui est inédit dans ce domaine traditionnellement moins bien rémunéré. Autre point positif, le métier se féminise, comme le montre la dernière enquête du cabinet de recrutement Birdeo. Aujourd’hui, « les salariés du secteur sont principalement des femmes » et « à âge comparable on tend vers l’égalité des salaires entre hommes et femmes », peut-on lire sur leur site internet. Enfin, les perspectives d’évolution sont désormais importantes : « en entreprise le consultant en RSE et DD (développement durable) pourra intégrer différentes fonctions selon sa spécialisation : direction, stratégie, achat, marketing, direction durable, secrétariat général. Les ONG, les associations, les structures de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire) sont de plus en plus séduits par ces profils. »
Cette croissance et cette valorisation des métiers de la RSE sont une très bonne nouvelle car, contrairement aux idées reçues, ce phénomène ne correspond pas uniquement à des tentatives de « greenwashing » mais à une tendance de fond qui aura indubitablement un impact environnemental.
Face à l’urgence climatique, « il y a une augmentation de la pression réglementaire française et plus globalement européenne, une pression des fonds d’investissement et des banques mais également de la part des consommateurs, des ONG, des collaborateurs, des jeunes générations » vers les entreprises, ajoute Caroline Renoux. La pénurie des profils RSE prouve la réactivité des entreprises face à ces pressions dont en découleront nécessairement des changements qui auront un impact positif dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Certes, on note « une communication excessivement flatteuse sur les engagements des entreprises… par rapport à leurs pratiques réelles » explique Pierre-Yves Gomez, professeur à l’EM Lyon, dans sa chronique parue dans le journal le Monde le 19 octobre dernier. « Mais il serait naïf d’en rester là, comme si les promesses des ‘grands discours’ étaient nécessairement des paravents masquant le vide des pratiques. Dans la réalité, la RSE est assumée par des collaborateurs (et, parfois, des dirigeants) engagés, voire militants. »
En conséquence, les salariés de la RSE sont aujourd’hui un gage de sincérité pour l’entreprise, notamment vis-à-vis de l’ensemble des collaborateurs et des candidats potentiels, de plus en plus exigeants quant aux actions environnementales et sociétales de leur employeur. De part leur spécialisation, leur engagement et leur influence, les profils RSE pèsent de plus en plus lourd sur les décisions stratégiques des entreprises, ce qui traduit une réelle avancée en matière d’implication écologique.